True story
Mel Gibson signe une œuvre grandiose avec Hacksaw Ridge. C’est violent. Rien n’est laissé à l’imagination. Corps qui brûlent, pluie de tirs, explosions. Ces segments de guerre hyperréalistes sont néanmoins chorégraphiés avec précision. Les images du quotidien, elles, bien que portées par une musique solennelle et des émotions multipliées à l’américaine, sont réussies. C’est grand, c’est prenant. Et, puisque c’est Gibson, il ne s’embarrasse pas de noter en ouverture, comme le veut la tradition, que l’œuvre est «inspirée d’une histoire vraie». Il écrit simplement: «True story.» Point. Ainsi soit-il.
Cette histoire (vraie, rappelez-vous) que le réalisateur repenti nous raconte, c’est celle de Desmond Doss. Un adventiste du septième jour qui se joint à l’armée américaine durant la Seconde Guerre mondiale. Néanmoins, en raison de sa foi et du commandement voulant que «Tu ne tueras point», il refuse de toucher à un fusil. Moqué et tabassé par ses compagnons d’armes (qui les portent, eux, fièrement, les armes), il s’obstine. Ce qu’il veut, lui, «ce n’est pas prendre des vies, mais en sauver».
Devenu aide-soignant militaire, cet objecteur de conscience finira par prendre part à la bataille d’Okinawa et, «armé seulement de ses croyances», dixit Gibson, il ramènera 75 soldats blessés, sur son dos, en sécurité.
C’est Andrew Garfield, acteur ayant, par le passé, enfilé le costume de l’homme-araignée dans The Amazing Spiderman, qui incarne ce personnage frêle, à l’air un peu simplet. «Desmond Doss était poussé par la force de l’amour. Et je pense qu’on peut tous s’en inspirer», a confié, avec son accent british, l’acteur trentenaire. Lui-même s’est dit inspiré par son frère médecin, «qui ne va pas dans les conférences de presse, qui ne reçoit pas de tapes dans le dos et qui ne cherche pas à être un héros». Sur une note plus comique, l’interprète a ajouté: «Qu’un type aussi maigrichon que moi ait traîné 75 colosses sur son dos, je trouve ça génial.»
Un «type maigrichon» qui, à l’écran, repousse quand même une grenade au ralenti de sa main nue et en renvoie une autre d’un coup de pied. Excessif? Trop héroïque? «Vous savez, a souri Mel, les vrais super-héros ne portent pas de lycra.»