Au Japon, le handicap physique ou mental est un objet de honte, une source de problèmes. Déconsidérées, exclues, voire rejetées, les personnes « anormales » sont souvent regardées comme des citoyens de seconde zone, un fardeau pour leurs proches et pour la société. En arrivant dans son nouveau collège, Shōko en fait l’expérience. Sourde et muette, la jeune fille devient la tête de Turc d’un groupe d’élèves, emmenés par le populaire Shōya. Plus bête que méchant, le petit caïd multiplie les brimades et sape toutes les tentatives de la nouvelle venue pour s’intégrer. Shōko finit par changer d’établissement, mais, considéré dès lors comme odieux, son persécuteur est mis au ban par les autres élèves. Isolé, ignoré, consumé par le remords, l’« arroseur arrosé » décide de retrouver sa victime et d’obtenir coûte que coûte son pardon…
Adapté du manga de Yoshitoki Ōima, qui obtint un joli succès critique il y a quatre ans, ce long métrage d’animation a permis d’ouvrir le débat au Japon sur deux grands tabous, le handicap et le harcèlement scolaire. La jeune réalisatrice a su restituer le caractère étrangement attachant de ce feuilleton où priment les états d’âme des personnages. Sans poursuites échevelées, combats épiques ou paradoxes temporels, cette histoire de pardon et d’amours naissantes sur fond de langue des signes tient en haleine pendant plus de deux heures. Une jolie découverte.