Au cours d'une déambulation par les rues et les canaux d'Amsterdam, collage apparemment aléatoire d'images et de propos recueillis dans la ville, le cinéaste rencontre des personnages qui ont échoué là, poussés par la misère ou la guerre hors de lointains pays qui n'ont en commun que d'appartenir à la planète "Sud". Certains content leur histoire, comme le coursier marocain dont les itinéraires erratiques ponctuent les itinéraires tout aussi imprévisibles du cinéaste, ou encore la vieille dame juive qui plonge dans le passé de la guerre et de la déportation, écoutée en silence par une exilée d'aujourd'hui qui a fui le Surinam. D'autres entraînent la caméra loin d'Amsterdam, comme Roberto qui retrouve sa mère dans son village de Bolivie, où la vie est quasi-inchangée depuis les temps précolombiens ; ou Borz-Ali le Tchetchène qui retrouve Grozny dévastée et rongée par le dénuement et la maladie. Ce sont encore des phénomènes implantés à Amsterdam, comme la boxe thaï, dont on remonte la source jusqu'à Bangkok, ou la présence plus fugitive de la calligraphie chinoise, de la danse ashanti, ou de bribes de coutumes lointaines. D'autres phénomènes contemporains, comme la vente de hashish, la musique techno, les rollers ou les sans-abri se glissent dans les interstices de cette mosaïque ethnique, cependant protégée du monde par le sas des contrôles migratoires.