C’est Nicholas Pileggi, coscénariste des Affranchis qui fait lire à Martin Scorsese un article du Las Vegas Sun datant des années 1980, traitant de l’altercation d’un couple dans son jardin. Les protagonistes : Frank Rosenthal, célèbre directeur de plusieurs casinos de Las Vegas, et son épouse. Un fait divers parmi d’autres, mais le début de recherches exhaustives pour Pileggi, et bientôt d’un film pour Scorsese.
Si Casino prend des allures flamboyantes, son propos est infiniment pessimiste et sombre. Comment un homme provoque-t-il sa propre chute et celle des siens lorsqu’il se laisse porter par ses sentiments pour une femme, par son orgueil, son avidité et sa jalousie ? Dans une ville où morale et éthique n’existent plus, dont l’appât du gain est la seule devise, la réussite semble n’être qu’un sursis avant l’inévitable déchéance et la descente aux enfers. Scorsese traite de nouveau de la Mafia, mais il s’agit là des hautes sphères de la criminalité, alors que Les Affranchis ou Mean Streets s’occupaient davantage des gangsters en devenir. La brutalité du film est inouïe et selon les propres mots du cinéaste « le meurtre dans le champ de maïs constitue [son] ultime déclaration sur ce style de vie et cet univers » (Conversations avec Martin Scorsese, Richard Schickel, Sonatine)
Mélangeant les genres, Casino passe du drame conjugal au film noir, via un quasi-documentaire sur les casinos. C’est également un portrait en creux de Las Vegas, et de ses bâtisseurs qui se sont brûlé les ailes, lors d’une décennie-clef pour la ville, avant sa transformation en un gigantesque parc d’attractions et la fin de son âge d’or. Une histoire qui, pour Scorsese, « reflétait vraiment la marche de notre société. »