2.5 | 3 | 1.75 | 1.75 |
Il y a juste ce que font les gens
Ce remarquable premier film a été porté par la productrice de Take Shelter et Mud, éclatantes réussites de Jeff Nichols. Et de fait Things People Do est de la même veine que le cinéma du surdoué Nichols : très ancré dans la vie quotidienne de la middle-class américaine, transcendée par un scénario qui installe le dérèglement, l'incertitude, l'inquiétude, avec une mise en scène ample et stylisée qui arrache le film à la banalité pour lui conférer une dimension supérieure, au-delà du réalisme, au-delà de la simple chronique familiale et sociale…
Bill Scanlon vit avec sa femme et ses deux jeunes fils dans un pavillon neuf, peut-être au Nouveau-Mexique. Le bonheur semble durablement installé dans cette famille quand on les voit tous les quatre jouer dans leur piscine qui borde le désert. Puis, petit à petit, par de courtes scènes, une réalité bien moins idyllique se fait jour. Bill va-t-il bénéficier de la promotion qui lui serait promise dans le cabinet d'assurance où il travaille ? Mais au fait, y travaille-t-il toujours ? Comment va-t-il conserver sa maison alors qu'il ne paye plus ses traites à la banque ? Qui est cet homme seul qui peine à écrire une carte d'anniversaire ?
Du début à la fin, nous sommes dans une proximité physique avec le héros, que ce soit par de très nombreux gros plans sur son visage, ou encore grâce à une bande son très subtile qui nous donne seulement à entendre ce qu'il entend ou qui tait ce qu'il n'entend pas. En partie thriller – l'assureur devient braqueur pour survivre – et film social – la crise des subprimes et le sauvetage sans contrepartie des banques sont omniprésents –, Things People Do ne peut cependant être réduit ni à l'un ni à l'autre de ces genres. C'est avant tout un film moral. Un film où est posée la question essentielle de la responsabilité de l'homme, du rapport entre ses paroles et ses actes. Mais surtout pas un film moraliste car le spectateur est libre de choisir entre l'idée qui veut que la conscience de l'homme le guide en lui permettant de choisir entre le bien et le mal et celle qui considère qu'il n'y a ni péché ni vertu, mais seulement des actes (« There's just things people do », chanson qui donne son titre au film).
Des images reviennent de façon récurrente. C'est le cas de la piscine, métaphore d'une société où les biens matériels priment sur tout le reste. Superbes images également de ciels, qui rappellent ceux de Take Shelter. Mais quand les ciels de Jeff Nichols sont clairement les avertissements d'une catastrophe naturelle à venir, ceux de Saar Klein sont plus ambigus. Dans les nuages, en effet, il y a toujours une trouée de soleil. Mais on ne sait pas s'il est en train de disparaître ou d'apparaître. Là aussi, ce sera au spectateur de décider.