Deux jours, une nuit TP

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Sandra, aidée par son mari, n’a qu’un week-end pour aller voir ses collègues et les convaincre de renoncer à leur prime pour qu’elle puisse garder son travail.

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SPÉCIAL CANNES

Et revoici le dernier film des frères Dardenne sélectionné pour le Festival de Cannes. C'est la sixième fois qu'ils participent à cette compétition dont ils ne sont jamais revenus bredouilles : deux Palmes d'or, un Grand prix, un prix du scénario… un prix d'interprétation pour Olivier Gourmet, un autre pour Emilie Dequenne alors débutante dans Rosetta et qu'on retrouve quinze plus tard, superbe et touchante, dans le film de Lucas Belvaux, Pas son genre.

C'est rien de dire qu'on a été tourneboulés, enchantés par ce petit dernier. De film en film, les Dardenne semblent affiner encore leur façon de faire, de voir, de penser, imprégnée d'une empathie profonde pour les modestes humains qui nous ressemblent, tout proches de leurs personnages et suffisamment distants pour que le regard qu'ils posent à un moment donné sur un microcosme nourrisse largement notre perception du monde tel qu'il va.

D’emblée la présence de Marion Cotillard « star » est masquée par l’interprétation de son personnage Sandra, jeune femme fragile, sur le point de lâcher prise, et qui va découvrir combien la solidarité humaine tissée d'amour et d'amitié peut régénérer les esprits et les cœurs les plus flapis, redonner une formidable envie de vivre.

Ça se passe dans une petite ville francophone, dans la périphérie de Liège… Seraing où les frères Dardenne sont nés et où ils tournent tous leurs films – comme qui dirait des films du terroir. Sandra a décroché de son boulot, suite à une petite dépression, et la voilà sur le point de réintégrer son poste dans la petite entreprise de panneaux solaires qui compte une vingtaine d'employés. Elle a un chouette mec, des gosses, un petit pavillon qu'ils auraient du mal à payer avec un seul salaire… et une sacré trouille au ventre : et si elle n'était plus à la hauteur ? Elle doute de tout, n'arrive même plus à croire à tout l'amour qui l'entoure tant elle-même n'arrive plus à s'aimer. Reprendre son boulot après son absence, c'est comme tenter de rentrer dans une ronde qui tourne à toute vitesse, comme sauter dans un train qui ne vous a pas attendu. Son patron n'est pas forcément ce qu'il y a de pire mais, pris lui-même par le climat économique ambiant (les Chinois encore !), poussé par un contremaitre foireux, il semble penser qu'après tout si on a pu faire sans elle… d'autant qu'un salaire de moins permettrait de payer à chacun des salariés une prime de mille euros. Le doute s'est installé aussi chez les anciens collègues qui se demandent si, allez savoir, elle va reprendre sa place avec la même efficacité. Mille euros, bigre ! c'est une somme pour la plupart qui ont des fins de mois difficiles, des situations compliquées, une maison en travaux. Un rien manipulés par leur chef, les salariés ont voté pour la prime… enfonçant un peu plus Sandra sans qu'elle ait eu son mot à dire. Mais ce n'est que le point de départ. Tirée, poussée par sa copine, son mari, Sandra croisera in extremis le patron qui, avant de partir en week-end, acceptera de rejouer le vote à la première heure de reprise le lundi matin. Deux jours, une nuit : c'est désormais le temps dont dispose Sandra pour plaider sa cause auprès de ses collègues, contactés les uns après les autres, dans une démarche qui commence comme un chemin de croix, mais va peu à peu se transformer en remontée vers la lumière. Son mari l'encourage, la pousse… Son amie ne la lâche pas une seconde, furieuse, indignée de la saloperie injuste qui lui tombe dessus. 

Il y eut un soir, il y eut un matin… il y aura bien un miracle au bout, peut-être pas celui espéré au début, bien plus beau encore puisqu'il laisse entendre qu'un bienfait n'est jamais perdu et que la force retrouvée des uns est redonnée aux autres, comme une épatante victoire de la générosité sur l'égoïsme, de la solidarité sur l'individualisme. On croit que tout est fini… et Sandra retrouve ici le goût de chanter.