B.G
Le 06-09-2013
B.G, le 06-09-2013
Ça pourrait être le bonheur… ça devrait être le bonheur puisque Guido et Antonia ont ce dont tout le monde rêve : l'Amour ! Il est le plus adorable et le plus lunaire des hommes : patient, gentil, cultivé… Veilleur de nuit dans un hôtel, il étudie les langues anciennes, a toujours des histoires à raconter… Elle est charmante, instable, impatiente, rêve d'être chanteuse avec de bonne probabilités d'y arriver (d'ailleurs c'est elle qui a fait la musique du film), travaille le jour comme vendeuse de voiture, chante le soir… et chaque matin il la réveille en lui racontant à sa sauce l'histoire du saint du jour (d'où le titre original : tutti i santi giorni). Bref, ces deux-là ne manquent pas de centres d'intérêt, on ne s'ennuie pas avec eux et leur vie pétille avec en perspective un avenir jamais ennuyeux…
Mais voilà, il y a les hormones et surtout la pression sociale et familiale omniprésente, lancinante : autour d'Antonia, toutes les filles pondent des bambins dodus et rigolards et semblent lui répéter à longueur de rencontres : qu'est-ce qui ne va pas pour que leur joli couple n'ait pas trouvé à leur amour ce prolongement qu'on dit indispensable à l'épanouissement de toute femme, un Bébé ?
Il n'y pensait pas vraiment, et c'est elle qui s'interroge la première : après six ans d'amour, il n'est pas possible qu'elle n'en ait pas envie… il leur faut un enfant. Mais ils ont beau s'en donner à cœur joie, le ventre d'Antonia reste obstinément plat. Pourquoi n'y arrivent-ils pas ? Ovocytes flemmards, spermatozoïdes flappis… Le meilleur gynéco de Rome (celui qui travaille pour le Pape !) est sollicité pour passer au crible spectogrammes, échographies et trouver la solution à la crise… Antonia s'impatiente, les rapports s'enveniment : leur bel amour, leur grand amour serait-il menacé par une incapacité à rejoindre la cohorte des heureux parents de bébés insupportables et braillards ? Pourront-ils un jour décliner la litanie des dimanches en famille où « lorsque l'enfant paraît… son doux regard qui brille fait briller tous les yeux… » ?
Au départ du film, il y a le livre de Simone Lenzi, LA GENERAZIONE, probablement en partie autobiographique, qui interroge sur le désir d'enfant et le pourquoi du manque, le parcours du combattant que représente la procréation assistée, la différence d'approche de la question entre l'homme et la femme… « la vie est courte, l'art est long, l'occasion fugitive, l'expérience dangereuse, le jugement difficile »… c'est l'épigraphe qui ouvre le livre et qui pourrait annoncer le film aussi : comme quoi une comédie romantique peut aussi brasser les préoccupations humaines les plus fondamentales…
Paolo Virzi cherchait une comédienne qui soit d'abord une bonne chanteuse, mais pas trop connue pour rester crédible dans son rôle, une fille du sud qui n'aurait pas de racines à Rome… Federica Victoria Caiozzo a été le choix parfait au point que c'est elle qui a écrit la musique du film. Thony, le nom porté au générique, est son pseudonyme de chanteuse et elle n'est pas le plus petit atout du film.