« Quand on a de l’espoir, on a encore la force de se battre, de protester. Quand l’espoir disparaît, la force de crier s’évanouit en même temps. Ces dernières années, des tas de gens ont perdu leur travail. Quand le mari et la femme sont au chômage, c’est une catastrophe totale. Si un seul des deux perd son travail, sa culpabilité ajoutée à l’usure de l’autre rend la situation infernale. L’espace partagé est alors empreint de méfiance et d’angoisse. Ça pourrait bien être le début de la fin de la famille... » Teresa Villaverde
C’est une famille ordinaire – le père, la mère, leur fille adolescente – vivant dans un modeste appartement d’un quartier morne du Portugal. Mais le contexte économique n’a plus rien d’ordinaire : la crise sévit depuis tant d’années que ses répercussions touchent de plus en plus de monde. Ici, c’est le père qui a perdu son emploi. Pour compenser, la mère travaille plus, cumule boulot de jour et job de nuit : à la honte de l’un répond l’épuisement de l’autre. Face à eux, leur fille observe, constate. Avec la fougue de sa jeunesse, elle refuse la résignation et veut vivre pleinement les expériences de son âge.
Teresa Villaverde dresse le portrait singulier d’une famille en crise : elle dépeint la solitude qui s’installe peu à peu en chacun de ses personnages alors même qu’ils se côtoient chaque jour. Si elle retranscrit avec justesse les détails d’un quotidien qui se délite, elle ne cesse de s’en échapper et emprunte avec ses protagonistes des chemins de plus en plus mystérieux. Ancré dans la réalité mais nimbé de fantasme, Contre ton cœur offre une vision originale et déconcertante de la dislocation d’une cellule familiale.