On attribue à Jean Douchet tous les surnoms : on l’appelle le « Sphinx des Cahiers du cinéma », ou encore le « Socrate du cinéma ». Difficile de définir sa place, il écrit peu, réalise peu. Pourtant tous les amoureux du 7e art reconnaissent son rayonnement. Son grand oeuvre est d’être un pygmalion, de révéler des artistes en leur transmettant son amour du cinéma. Plume emblématique des Cahiers du cinéma (dont il sera le rédacteur en chef adjoint, bras droit d’Éric Rohmer, entre 1958 et 1963), Jean Douchet, en véritable découvreur de talents, y fera entrer quelques figures désormais indissociables du magazine mythique, telles que Barbet Schroeder ou encore Serge Daney. Cette facilité à rencontrer la jeunesse et les futurs talents, Jean Douchet l’a eue toute sa vie et en a fait sa vocation. Il se dévoue entièrement à ce désir de transmission, comme il le fait depuis plus de 50 ans dans le cadre de son ciné-club qu’il anime à la Cinémathèque française. Si son influence est aussi durable, c’est surtout que derrière la puissance de sa pensée émerge une façon de vivre complètement unique, faite d’amusement et de plaisir. C’est aussi cela qui marque à jamais ceux qui ont croisé sa route. À travers des discussions avec Jean Douchet, des images d’archives et des rencontres avec ses anciens disciples (Arnaud Desplechin, Noémie Lvovsky, Saïd Ben Saïd, Xavier Beauvois) ou ses complices de toujours (Barbet Schroeder), ce documentaire exceptionnel propose un voyage initiatique qui donne accès à un homme précieux et une pensée singulière.