Après plus de dix ans d’existence, l’Univers cinématographique Marvel consacre enfin un premier film solo à une superhéroïne, et pas des moindres : Captain Marvel. Dans le rôle-titre, Brie Larson brille — dans tous les sens du terme, en l’occurrence. Véritable machine à blockbusters, l’Univers cinématographique Marvel se déploie dans les multiplexes de par le monde depuis plus d’une décennie. Iron Man, avec Robert Downey Jr, sonna la charge en 2008 avec le succès que l’on sait. Depuis, les titres et les suites se sont multipliés au gré de « phases » savamment conçues et déclinées par le grand manitou Kevin Feige, président de la production aux Studios Marvel. Quoique peuplé de personnages féminins importants tels la Veuve noire, alias Scarlett Johansson, Gamora, alias Zoe Saldana, ou la Sorcière rouge, alias Elizabeth Olsen, les Capitaine America, Gardiens de la galaxie et autres Avengers n’avaient encore jamais donné le premier rôle à une superhéroïne (Wonder Woman est chez le concurrent DC). Avec Capitaine Marvel, qu’incarne Brie Larson, c’est maintenant chose faite.
Situé en 1995 avec musique assortie, Captain Marvel raconte le parcours superhéroïque de Carol Danvers, une pilote de l’armée américaine qui, dans des circonstances mystérieuses, a été recueillie par une tribu extraterrestre hyperdéveloppée : les Krees. Désormais dotée de pouvoirs extraordinaires qu’elle tente de canaliser avec l’aide de son mentor Yon-Rogg (Jude Law), la jeune femme vient d’intégrer la milice Starforce. Durant sa première mission, Carol est capturée par un Skrull, un être capable de changer de forme (Ben Mendelsohn). Après s’être échappée, elle met le cap sur la Terre, où elle espère en apprendre davantage sur son passé et sur cette scientifique énigmatique (Annette Bening) et cette amie pilote (Lashana Lynch) qui hantent sa mémoire fragmentée. Or, Carol, notre Captain Marvel en puissance, n’est pas au bout de ses surprises.
En filigrane, Captain Marvel propose un commentaire féministe bienvenu, lequel se manifeste à la fois dans la manière dont le scénario de Anna Boden, Ryan Fleck et Geneva Robertson-Dworet inverse ou satirise les rapports de force usuels, et lors de clins d’œil explicites (le motard qui réclame un sourire à Carol y perdra son bolide, entre autres exemples).
Ironiquement, ce phénomène désolant ne fait que prouver la pertinence, voire la nécessité de films comme Captain Marvel (en attendant ce projet de long métrage solo consacré à la Veuve noire).
Pour ce qui est de Captain Marvel, donc, à dire vrai, le film compte parmi les meilleurs crus, tels le premier Iron Man, le second Captain America, le premier Les Gardiens de la galaxie et le premier Ant-Man. Le rythme ne faillit jamais et le récit réserve beaucoup de surprises. Brie Larson, lauréate d’un Oscar pour le film Room est formidable, frondeuse, sourire en coin… On se réjouit aussi de retrouver Samuel L. Jackson, savoureux dans son rôle récurrent de Nick Fury (et ici rajeuni par la magie des effets visuels).
Le film a été coréalisé par Anna Boden et Ryan Fleck, tandem s’étant illustré sur le circuit indépendant avec notamment Half Nelson et Mississippi Grind. Impartis de moyens exorbitants, ils n’impriment pas tant une signature sur ce film-ci qu’ils s’acquittent avec savoir-faire d’une tâche consistant surtout à inscrire Capitaine Marvel dans la continuité visuelle de ses prédécesseurs. Les fans y trouveront largement leur compte. Quant aux personnes qui en ont marre des films de superhéros, elles savent qui elles sont.
Ah, un détail qui fera peut-être pencher la balance : le film donne à voir l’un des chats les plus craquants de ce côté-ci de la galaxie.
Et surtout ne partez pas avant la toute fin du générique final car notre super-félin a encore quelque chose à vous montrer qui vaut son pesant d'or.