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Pauvre petite fille riche
Aria 9 ans vit avec ses parents dans un appartement cossu de Rome. Nous sommes en 1984 et le fillette se sent désorientée avec des parents artistes, immatures et égocentriques. Quand ceux-ci se séparent la voilà ballotée entre eux, chacun se la renvoyant au gré de leurs envies. Seul un chat noir qu’elle trimballe dans une cage à oiseaux lui procure les câlins qui lui manquent. «Je ne vous ai pas raconté tout ça pour jouer les victimes, mais pour que vous me connaissiez un peu mieux. Et peut-être que maintenant, vous serez un peu plus gentil avec moi », conclut Aria, 9 ans, à la fin de ce film choc dont elle est l’héroïne. Durant1 h 45, on suit la vie de cette petite fille faisant face à la séparation ultraviolente de ses parents, une pianiste et un acteur, deux monstres égocentriques au comportement extrême et destructeur, totalement déjantés. Deux icônes que cette enfant intelligente et sensible ne peut s’empêcher d’admirer sans comprendre la laideur de leurs actes. Toujours entre deux endroits, deux mondes, deux sensations, Aria – brillamment interprétée par la puissante Giulia Salerno – est incomprise, perdue, maltraitée. Et cherche désespérément à se faire aimer. Dans ce film « personnel », qui, précise-t-elle, n’est « pas autobiographique » (même si certains éléments sont inspirés de son vécu), Asia Argento illustre les blessures, les traumatismes d’enfance, et le sentiment d’incompréhension que chacun a pu connaître face à ses propres parents. Un long métrage tendre et différent porté par le talent de Charlotte Gainsbourg en mère instable et incendiaire et la bande-son impeccable signée Brian Molko.