L'Origine du monde

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Jean-Louis réalise en rentrant chez lui que son cœur s’est arrêté. Plus un seul battement dans sa poitrine, aucun pouls, rien. Pourtant, il est conscient, il parle, se déplace. Est-il encore vivant ? Est-il déjà mort ? Ni son ami vétérinaire Michel, ni sa femme Valérie ne trouvent d’explication à cet étrange phénomène. Alors que Jean-Louis panique, Valérie se tourne vers Margaux, sa coach de vie, un peu gourou, pas tout à fait marabout mais très connectée aux forces occultes. Et elle a une solution. Une solution qui va mettre Jean-Louis face au tabou ultime...

Vos commentaires et critiques :

 

La première réjouissance de ce film est de découvrir un brillant numéro de comédiens qui maîtrisent à la perfection l’art et les manières du théâtre et ce n’est sans doute pas un hasard si Laurent Lafitte, pour son premier passage à la réalisation, a choisi une pièce et des partenaires qui ont fait leurs preuves sur les planches (en particulier Vincent Macaigne mais aussi Hélène Vincent qui a été dirigée par Patrice Chéreau et qui a connu le cinéma plus tardivement). On retrouve dans L’Origine du monde un dispositif, des dialogues propres à la scène, avec peu de décors et de personnages. Il y a ensuite quelque chose d’assez jubilatoire à découvrir ces joutes verbales et de voir comment les personnages (tous finalement assez détestables) vont se démener, s’emmêler et se perdre dans les méandres de cette quête psychanalytico-pathétique qui n’épargnera pas leur égo et viendra au contraire mettre la lumière sur leurs viles mesquineries. Certes, assister ainsi au spectacle des bassesses humaines pourra choquer, mais le cinéma, tout comme le théâtre, a bien des fois déjà joué dans cette catégorie-là, et s’il ne fallait en citer qu’un, c’est bien le nom de Bertrand Blier qui nous vient spontanément à l’esprit.
Sinon, comme le titre l’indique, il sera question des origines, celles de Jean-Louis dont le cœur s’est brutalement arrêté de battre et qui réalise qu’en perdant sa vitale pulsation, il a peut-être bien aussi égaré le sens de toute sa vie. Accompagné de son épouse, parfaite caricature de la bourgeoise parisienne adepte des graines de chia, du bio et des thérapies alternatives, et de son meilleur ami, vétérinaire de son état, il n’a plus que quelques jours pour remonter le fleuve et trouver la source du mal qui l’a frappé. C’est la psy (Nicole Garcia, parfaite en gourou holistico-freudienne) qui l’a dit et elle a l’air très formelle. Au bout du cordon, toujours, il y a la mère et la mère, c’est Hélène Vincent qui ose tout avec audace et culot (n’a-t-elle pas déclaré : « J’accepte les métamorphoses, je brise l’image que l’on peut avoir de moi, de mon apparence avec une grande souplesse et avec humour »).
Enfin, un film qui se passe à notre époque et qui préfère l’usage du verbe – fût il politiquement incorrect – pour faire avancer l’intrigue plutôt que le clavier des téléphones portables et les « sms » mérite respect et attention. On rit, jaune parfois, souvent, beaucoup, ça gratte, ça pique un peu mais ça sert aussi à ça, le cinéma, non ?