Avec La Papesse Jeanne, nous découvrons un pan quasi-inconnu de l'histoire religieuse de l'Europe. Dans cette fresque historique, qui est l'adaptation du best-seller de Donna Cross, on retrouve le réalisateur Sönke Wortmann, qui n'en est pas à son coup d'essai. On lui doit notamment Les Nouveaux Mecs, avec Til Schweiger, révélé au grand public dans Inglorious Basterds. Dans La Papesse Jeanne, nous retrouvons John Goodman et David Wenham.
Dans l'Europe du Moyen-Âge, une jeune fille de pasteur décide d'usurper l'identité de son frère afin d'intégrer un monastère et poursuivre son chemin vers la connaissance et la spiritualité. Mais cela prend une ampleur inattendue, et elle est bientôt appelée à devenir pape. Ainsi entre 855 et 858, elle va effectuer son pontificat, entre ceux de Léon IV et Benoît III, au moment de l'usurpation d'Anastase le Bibliothécaire. On peut donc considérer que cette parenthèse historique semble pertinente, même si le personnage est vu comme légendaire par les historiens. Reste que l'on est frappé par la vision du statut de la femme au IXe siècle, portée par une Johanna Wokalek très juste dans son interprétation de la papesse Jeanne. John Goodman est quant à lui majestueux dans le rôle du pape Sergius. Sa carrure impressionnante est ici un atout indéniable pour incarner cet homme de pouvoir. Côté bonus, on retrouve un making-of d'assez bonne facture, où l'on découvre par exemple qu'une grande partie du tournage a eu lieu au Maroc, pour des raisons de coup évidentes. Ainsi, on apprend que le musée du cinéma de Ouarzazate a été utilisé pour les scènes d'intérieurs au palais du Latran. Ce film a été un immense succès outre-Rhin, avec plus de 2,5 millions de spectateurs conquis. Le film a aussi obtenu trois nominations aux German Film Awards, dont celui de meilleurs costumes. On a ainsi un film qui nous plonge dans un Moyen-Âge impitoyable et très réaliste, où une femme doit se cantonner à son rôle de mère et d'épouse. À noter qu'il existe une version de 1972, réalisée par Michael Anderson, intitulée Jeanne, papesse du diable, avec Liv Ullmann dans le rôle titre. Au total, même si l'on saura probablement jamais si cet épisode historique est avéré, on peut quand même profiter d'un film qui est aussi une chronique de la vie au IXe siècle. Avec ce film fleuve (2h20), vous pourrez plonger dans les méandres politiques et religieux de l'Europe médiévale, par le prisme d'une jeune femme au destin extraordinaire.