Avec Pauvres mais beaux (1956) - que suivront Belles mais pauvres (1957) et Pauvres millionnaires (1958) -, Risi met au point un style de plus en plus personnel : héritier du néoréalisme dans la perspective de ce que l’on a appelé de façon réductrice “le néoréalisme rose”, le cinéaste crée un univers dont la bonne humeur apparente cache à grand peine une inquiétude sous-jacente. “Le bien-être, note le metteur en scène, commençait à se faire sentir en Italie. Dans son petit domaine, le lm représentait ce passage d’un mode de vie à un autre. Voir ces jeunes gens essayer de vivre dans une société à laquelle ils n’étaient pas adaptés avait quelque chose de pathétique”. Ainsi, la comédie fonctionne complètement mais derrière la drôlerie, la légèreté et la précision du récit, le lm est traversé par un détachement mélancolique qui le leste d’une gravité inattendue. Un dosage subtil, qui n’appartient qu’à Risi, commence à percer. Le public italien ne s’y trompa pas : il fit un triomphe à ces jeunes gens “pauvres d’argent mais riches de fantaisie”.