Noor TP

Noor vient de quitter les Khusras, une communauté  transgenre au Pakistan. Son rêve: avoir une moustache et trouver l'amour avec une femme. Un jour, un vieux sage, Maître Baba lui parle de l'existence d'un lac où vivent des fées et où tous les vœux sont exaucés. Il entreprend alors un périple plus ou moins long pour le rejoindre. Sur la route, ce n'est pas lui-même qu'il recherche, mais bien une femme avec qui partager le temps qu'il a. Le temps d'ailleurs dont on perd facilement la notion. Combien de temps passe-t-il sur la route: quelques jours, quelques semaines ou bien alors des mois? Le temps qui passe est flou, tout comme son identité de genre qu'on ne peut pas déterminer. Et il est bien là le juste propos des réalisateurs Cagla Zencirci et Guillaume Giovanetti. Noor n'est pas à la recherche de sa propre identité, il est à la recherche d'une personne qui l'acceptera tel qu'il est.

Ce film est bien loin de ce qu'on a l'habitude de voir au cinéma, à la fois lorsqu'il s'agit de filmer dans un pays comme le Pakistan mais aussi d'aborder le thème du genre. Cette quête est une quête de l'autre, d'un "vouloir-être-deux", de temps partagé avec une autre personne. Il n'y a pas de propos principal dans ce film. Noor n'est pas là pour représenter la communauté transgenre du Pakistan. Il est là pour lui-même. Mais Noor est imberbe, et dans sa quête, c'est à la question "Qu'est-ce qu'être un homme?" que l'on a envie de répondre. Une question qui reste sans réponse parce que ce qu'il cherche vraiment, c'est ce que la plupart d’entre nous recherchons: une ou des personnes avec qui partager du temps. Parce que cette identité finalement, qui se confronte à l'autre, est toujours mouvante.

Le film traverse non seulement un temps qui n'est pas défini mais aussi des paysages sublimes, infinis dans l'espace. Le Pakistan est filmé avec grâce et onirisme. La musique ancre le film dans une région précise du monde qui donne à ce film plein de poésie, beaucoup de réalisme.

Noor a reçu le grand prix du Festival Chéries-chéris.