Dynastie Tang, en 690. Le couronnement imminent de l'impératrice Wu Zetian attise les guerres de clans. Alors qu'un gigantesque bouddha est en cours d'édification, plusieurs personnes influentes meurent, dévorées par un feu inexpliqué qui les réduit en tas de cendres fumantes. Craignant le complot, l'impératrice fait appel au détective Dee (le fameux juge Ti des romans de Robert Van Gulik)... On reconnaît la griffe Tsui Hark : toujours reliée au cinéma des origines, à la mécanique du film d'aventures à l'ancienne, dans un esprit proche du feuilleton. Le récit, ses rouages et son enchaînement vif d'épisodes, voilà ce qui lui importe. Tsui Hark calligraphie l'action. Transforme le moindre accessoire en projectile poétique. Détective Dee, le mystère de la flamme fantôme mêle faits historiques et magie extravagante. La pléthore malicieuse de symboles et de subterfuges est telle qu'elle invite à déceler un sens caché un peu partout. N'y a-t-il pas derrière le culte de la personnalité de l'impératrice une allusion à Mao Zedong ? Et cette tour monumentale, exploitée comme une arme de destruction massive, n'est-ce pas une évocation du World Trade Center ? — Jacques Morice