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Paru le 9 octobre 2013 au cinéma, Room 514 est un film qui n'a pas bouleversé le box-office français pour une simple raison : c'est un film dit indépendant. De nos jours, nous ne laissons pas suffisamment la place à ce genre de films et je suis le premier à les laisser de côté au profit d'un film plus accessible et souvent au budget plus important. C'est pour cette raison et pour se rattraper, que la sortie DVD est toujours un bon moyen pour donner une nouvelle vie à un film. C'est le moment qui permet à quiconque de pouvoir découvrir un nouveau film, qu'ils n'auraient pas pu voir en salles à cause de raisons personnelles ou de distributions. Réalisé par Sharon Bar-Ziv, Room 514 est un huit clos israélien qui reçu un très bon accueil de la part de la presse française et on comprend pourquoi.
Métaphore de la société israélienne, la chambre 514 est une salle d'interrogatoire qui va voir une femme militaire se battre contre ses confrères militaires afin de faire tomber les responsables d'un acte de violence envers des citoyens innocents. Remarquablement écrit et interprété, Room 514 est un film déroutant, car il ne démarre pas par une phase d'introduction afin de présenter les personnages aux spectateurs. C'est au spectateur de les découvrir au fur et à mesure de l'avancement du film. On va découvrir le tempérament de Anna, ainsi que son envie d'aller jusqu'au bout de son enquête. On va apprendre à la connaître, mais on va surtout apprendre à l'aimer. C'est un véritable lien qui va se tisser entre elle et le spectateur. Lien qui ne se brisera jamais même lorsqu'elle prendra des initiatives pouvant lui couter cher au vu de la société machiste dans laquelle elle vit. Les personnages masculins du film ne sont pas nombreux puisqu'ils sont au nombre de trois, mais ils sont intéressants à découvrir sur le long terme. Différents les uns des autres, ils se dévoileront pas dans un premier temps, mais grâce au travail d'interrogatrice effectuée par Anna, ils se mettront à nu jusqu'à nous présenter leurs véritables personnalités.
Faux huit clôt, Room 514 se déroule en grande partie dans la salle d'interrogatoire, mais pas que puisque chaque session d'interrogatoire est coupée par une succession d'images en noir et blanc présentant Anna se rafraichissant. Ces scènes sont intéressantes au début puisqu'elles symbolisent la volonté de retourner au combat. La volonté d'Anna qui reprend ses esprits avant d'avoir à se confronter à nouveau à cette société machiste difficile à vivre. Mais très rapidement on se rend compte que ces scènes coupent le rythme instigué par les interrogatoires et font retomber une tension présente dans cette Room 514. Telle Anna redescendant en tension, le spectateur en fait de même. On comprend la nécessité scénaristique de ces scènes, mais elles ne représentent pas ce qu'il y a de plus intéressant dans le scénario de ce film.
Représentant la chasse à l'instigateur d'un acte de violence à travers des interrogatoires menés tambour battant par un personnage caractériel dont les paroles peuvent permettre l'arrestation du coupable, mais aussi blesser psychologiquement une personne plus faible qu'elle ne le laisserait penser, Room 514 est une superbe surprise. Un film intrigant et passionnant. Remarquablement écrit et interprété, c'est le genre de film qui nous donne envie de découvrir davantage de films indépendants.