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Les Mercuriales, ce sont deux grandes tours impersonnelles et froides, qui ont pris naissance comme un rêve futuriste en bordure parisienne au milieu des années 70 du côté de la Porte de Bagnolet et qui ne symbolisent plus que l’échec d’une vieille utopie fanée. Paumées entre le périph assourdissant et la banlieue crasse, ces vestiges froids se dressent comme des monolithes mortifères et anxiogènes. C’est là que Virgil Vernier a choisi d’entrecroiser les personnages de son premier long-métrage de fiction.
« Mercuriales » de Virgil Vernier, le film à la douce image 16mm et au montage agréablement déréglé suit deux jeunes filles qui se rencontrent autour des tours Mercuriales en banlieue parisienne. Joane rêve d’être danseuse, se donne un an pour réussir, Lisa est Moldave, en France depuis peu, plus terre à terre et sans illusions, peut-être plus légère et heureuse. Puis il y a Zouzou, qui aimerait trouver un père pour sa fille, il y a un vigile aux Mercuriales qu’on retrouvera dans un supermarché puis une patrouille armée, montant sans fin la garde contre une menace invisible. Une errance désirante dans des territoires trop construits ou en destruction, en friche ou loin de tout, que rien ne relie vraiment à part une amitié qui s’invente contre un monde sur lequel on n’a pas vraiment de prise. Les actrices Philippine Stindel, Ana Neborac, Annabelle Lengronne et la jeune Jad Solesme sont lumineuses comme des nymphes errant dans une mythologie disparue et réinventée, mais aspirant toujours à s’approcher des dieux.