2.5 | 2 |
La vénus sans fourrure
La trame des Rencontres d'après minuit est simplissime : dans un loft au cœur d'une friche irréelle, des personnages en attendent d'autres pour une orgie. Les hôtes sont la ténébreuse blonde Ali, son jeune amant Mathias dont le visage angélique et le bandeau sur l'œil évoquent irrésistiblement Albator, secondés par leur majordome travesti, Udo (génial Nicolas Maury). Vont arriver successivement L'Étalon (incroyable Eric Cantona), la Chienne, dont le pseudo résume la nymphomanie exacerbée, l'Adolescent (incarné par le plus jeune fils Delon, presque aussi beau que son père jeune mais plus fragile, plus incertain), et la Star (la beaucoup trop rare et magnifique Fabienne Babe). L'orgie qui ne sera jamais consommée (les pornocrates compulsifs en seront pour leur frais, mais le film n'en est pas moins plus bandant que bien d'autres plus démonstratifs en matière de sexe) est le prétexte à une variation fascinante et outrageusement théâtrale sur le désir, d'une beauté qui frôle parfois le sublime : images oniriques ou drolatiques comme cette scène en flash-back où l'Etalon, enfermé en slip dans une cage, se fait fouetter par Béatrice Dalle, commissaire de police SM revêtue d'une chapka, clin d'œil hilarant aux films de série Z carcéraux des années soixante-dix. Les Rencontres d'après minuit c'est un mélange détonant, à la fois référence à une certaine culture bis, une esthétique des années quatre-vingt qui ont bercé l'enfance du réalisateur et poésie philosophique et mystique qui s'exprime dès la séquence d'ouverture, référence explicite à La Belle captive, d'Alain Robbe-Grillet, et au-delà au cinéma de Jean Cocteau. Le tout bercé par la musique envoûtante d'un autre Gonzalez, Anthony, le frère, célèbre compositeur touche à tout, et star de la scène électro sous le nom de M83.