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Le 25 novembre 1970, un homme se donne la mort dans le quartier général du commandement de l’armée japonaise à Tokyo, geste qui va durablement marquer le pays du soleil levant. Il laisse derrière lui une longue liste de chefs-d’œuvre littéraires et une controverse qui ne s’est jamais éteinte. Cet homme s’appelait Yukio Mishima, un des romanciers les plus célèbres et les plus respectés du Japon. Quelques heures auparavant, avec quatre membres de son armée personnelle, le Tatenokai, Mishima avait pris en otage le commandant du quartier général. S’adressant aux soldats rassemblés dans la cour, il leur demanda de l’aider à renverser le régime et restaurer le pouvoir de l’Empereur. Lorsque pour toutes réponses il ne reçut que des insultes, il interrompit son discours, se retira dans le bureau du commandant et choisit de commettre le seppuku, le suicide rituel du samouraï.
Afin de saisir l’ampleur de ce geste extrême dans l’histoire et la vie politique japonaise, le dernier grand film de Wakamatsu relate les dernières années de Mishima ainsi que ses nombreux combats idéologiques. Alors qu’il est en lice pour un Prix Nobel, l’artiste entame un rigoureux entraînement militaire où il fait la rencontre d’étudiants de droite. Ensemble, ils forment une milice privée, le Tatenokai (la société du Bouclier), voué à la défense des valeurs japonaises et de l’honneur des samouraïs. Selon Mishima en effet, seule la restauration du pouvoir de l’Empereur peut sauver le Japon, et il est prêt à tout pour concrétiser ce projet, même y laisser sa vie.
Avec cette fresque biographique, Koji Wakamatsu, l’enfant terrible du cinéma pink, poursuit un cycle entamé en 2007 avec UNITED RED ARMY, où il relate les sombres chapitres de l’histoire contemporaine de son pays. En traçant le portrait chaotique de l’un des plus grands romanciers de son époque, le réalisateur du SOLDAT DIEU signe une critique sévère mais juste des sacrifices qu’entraîne inévitablement le militantisme poussé à l’extrême, qu’il soit de gauche ou de droite. Wakamatsu ne représente pas Mishima comme un héros, mais plutôt comme un homme déchiré par ses propres principes, et surtout interroge ses motivations et celles de ses jeunes disciples, en quelques mots : les notions d’engagement et d’action individuelle vs collective qui lui sont chères.
Et bien qu’il traite d’événements ayant eu lieu il y a près d’un demi-siècle, 25 NOVEMBRE 1970 : LE JOUR OU MISHIMA CHOISIT SON DESTIN n’en demeure pas moins un film rouge d’actualité. Il s’agit de la lettre qu’adresse un cinéaste de la révolte aux jeunes manifestants du monde entier, alors que le vent commence à tourner…