Après une hilarante introduction autour de la vie d'un intermittent et des aléas du pôle emploi spectacle qui fera marrer plus d'un technicien de l'audiovisuel, l'histoire est lancée en même temps que le train sillonne la campagne, s'ouvrant sur un somptueux décor de montagne. On rentre alors dans le film comme on rentrerait dans une bonne paire de pantoufles, moelleuses et confortables. Le décor nous est chaleureusement famillier, les paysages très cartes postales, tout y est : les chalets aux couleurs chaudes, la fondue au coin du feu, les décorations de Noël... le film tombe à pic question timing pour être l'une des comédies familiales de cette fin d'année (si on fait abstraction de quelques blagues sadomasochistes, qui feront frémir les parents).
Mais vient très vite, lorsque l'on connait un peu les intentions du réalisateur, la question du double genre dans "Je fais le mort". Si le film se veut une comédie à la sauce polar, il oscille bien malgré lui entre les deux sans choisir assez franchement et donne au final une comédie pas assez assumée et un polar un peu simpliste. Jean Paul Salomé dit avoir voulu filmer la montagne hors saison pour son atmosphère glauque, pourtant on est loin d'un film noir brutal et sale mais plutôt devant un sympathique Agatha Christie, propre dans ses plans et très bon enfant (et ne parlons pas des placements de produits peu discrets... Starbucks, Citroën...). L'intrigue policière, un peu alambiquée, ne tient pas franchement la route, plombe parfois le rythme, et tous les éléments censés faire avancer l'enquête et qui ne devraient pas, dans la logique du film, appartenir au comique, sont très peu crédibles car leur sérieux et leur côté parfois très académique (le méchant riche écoute de l'opéra) dénotent face au ton décalé qu'apporte François Damiens.
François Damiens, génial, acteur remarquable, qui encore une fois permet d'élever le film grâce à un jeu irréprochable, toujours juste dans la moindre de ses propositions, amenant de la finesse à la plus graveleuse des répliques. C'est d'ailleurs autour de lui que repose tout le film puisqu'il insuffle à chaque plan qu'il habite, une force comique sans pareil (Géraldine Nakache, légèrement en dessous question présence mais néanmoins crédible et touchante en jeune juge d'instruction parfois un peu cruche).
On pourra donc regretter que le parti pris de Salomé ne soit pas plus tranché car dès lors qu'il quitte les rails lourds du polar, les dialogues sont savoureux, les situations cocasses et farfelues et on aurait presque aimé retrouver une sorte de Cité de la Peur à la sauce montagnarde, tant François Damiens ouvre la voie à ce qui aurait pu être une comédie mille fois plus déjantée.