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Aïe !... Aïe !... Aïe !...
Pierre et Pomme. Pomme et Pierre. Entre eux d’eux, une histoire où la pomme a été croquée depuis bien des années, suffisamment de temps pour que du goût sucré il ne reste plus qu’un peu de saveur acide, suffisamment de saisons pour que la chair gourmande ait laissé place à quelques pépins desséchés. De gros pépins, pourtant, point. Une vie de couple qui s’est nourrie de belles choses joyeuses et fulgurantes et puis qui s’est vidée de sa mœlle tout doucement, tranquillement, l’air de rien du tout. Est-ce encore de l’amour, ce reliquat de sentiments qui se dilue peu à peu dans les eaux endormies du quotidien, de la routine, des habitudes ?
Bien sûr il y a de la complicité, et de la tendresse… quoique ces deux-là adorent plus que de raison s’en balancer quelque bien bonnes à la tronche, histoire de tester leur seuil de tolérance mutuel autant que leur pouvoir de toucher en plein cœur, et tant pis (tant mieux ?) si ça fait un peu mal. Bien sûr il y a encore cet espace intime dans lequel l’humour qu’ils cultivent forme comme un dernier rempart à la fuite magistrale de leurs désirs… Mais l’humour lui aussi prend la tangente et devient de plus en plus cinglant, voir carrément cynique. Aïe ! (c’était le titre d’un des précédents films de Sophie Fillières) Quand ça commence à glisser sur ce genre de pente, le moins que l’on puisse dire est que la remontée va être une course d’endurance, un exercice périlleux, voire une mission impossible.