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Ne cherchez pas… July Jung, vous ne la connaissez pas car elle réalise là son premier film. Par contre son producteur (Lee Chang-dong, l'un des plus grands réalisateurs coréens : Oasis, Secret sunshine, Poetry) et ses acteurs, vous les connaissez si vous nous suivez dans l'exploration du cinéma asiatique. La lumineuse Donna Bae tout d'abord que vous avez vue dans Air Doll, The Host, Sympathy for Mr Vengeance… Puis l'efficace Song Sae-byuk (Mother) et enfin Kim Sae-Ron si jeune et déjà presque une star (Une vie toute neuve)… Tout ça pour dire que si la réalisatrice est pour l'instant une illustre inconnue, elle a su convaincre des gens de grand talent de s'embarquer dans l'aventure de ce premier film troublant et envoûtant.
Nous voilà quelque part dans la campagne sud-coréenne, loin de l'agitation des grandes villes, au plus près des traditions, au beau milieu des rizières et des préjugés. C'est là qu'est mutée la jeune commissaire Young-nam. Et ce n'est pas une brillante promotion. Passer d'un poste à Seoul à un autre chez les bouseux, c'est clairement, même si on en ignore la raison, une punition. Voilà la citadine à la tête d'une brigade composée de flics locaux pas très finauds et plutôt machos. On se demande bien ce qu'il adviendrait si elle n'était pas dans une société où la hiérarchie ne se discute pas. On sent les regards goguenards de ses collègues qui la testent, la déshabillent presque… Et les petits caïds locaux qui la traitent de manière irrévérencieuse ne sont pas en reste. Dans un tel climat, cela semble difficile de garder son sang-froid. Et pourtant, malgré son apparence fragile, la nouvelle commissaire ne sourcille pas, tient fermement le cap, impassible… Du moins en apparence. Car la nuit venue, presque incognito dans ses habits civils, elle dévalise littéralement tout le stock de soju (sorte de saké coréen) d'une supérette locale sans sourciller devant le vendeur médusé qui lui tend la note. Peut-être est-ce pour se donner des forces ? Peut-être est-elle incorrigiblement alcoolique ? Serait-ce cela la raison de sa mutation dans ce trou paumé ? À moins qu'il y ait autre chose…
En attendant, voilà notre fliquette à son poste en train de donner le change. Les jours semblent partis pour se succéder sans grand chose de bien excitant, de la pure routine au milieu de gens peu engageants… Rien à faire sinon patienter, cuver sa punition et attendre de pouvoir repartir à la capitale. Les rondes à vélo se succèdent donc sans grand coup de théâtre. Mis à part cette fillette étrange qui rôde dans le coin. Elle apparaît, disparaît, telle un fantôme, s'enfuit. Réapparait dans d'autres circonstances mais quand Young-nam tente de s'en approcher, elle se volatilise à nouveau… Jusqu'au jour où la gamine, acculée par un petit groupe d'écoliers qui la maltraitent, accepte la main tendue. Et la main que tient Young-nam dans la sienne n'est certes pas celle d'un pur esprit, c'est celle d'une jeune fille de chair et d'os, un petit être qui s'est habitué à être traqué, battu, insulté. Dohee vit avec un père qui l'aime d'une bien étrange de manière… Naturellement, notre commissaire endosse tout de suite le rôle de défenseuse des veuves et des orphelins. Il ne lui faut pas plus que le temps d'un frôlement pour choisir son camp. Les vides affectifs de ces deux laissées pour compte de la vie pourraient bien se compléter et se transformer en infinie tendresse. Mais ce serait trop simple. Ce serait oublier les obligations dues à l'uniforme. Ce serait sans compter sans l'ambigüité de l'âme humaine et ses turpitudes…