Queen and Country

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1952. Bill Rohan a 18 ans et l'avenir devant lui. Pourquoi pas avec cette jolie fille qu'il aperçoit sur son vélo depuis la rivière où il nage chaque matin ?
Cette idylle naissante est bientôt contrariée lorsqu'il est appelé pour effectuer 2 années de service militaire en tant qu'instructeur dans un camp d'entraînement particulièrement dur qui prépare les jeunes soldats anglais à des missions en Corée. Là-bas, la guerre fait rage et brise la vie de plus d'une recrue !
Bien vite, Bill se lie d'amitié à Percy, un farceur dépourvu de principes avec lequel il complote pour tenter de faire tomber de son piédestal leur bourreau : le psychorigide sergent Bradley.
Tous deux parviennent néanmoins à oublier l'enfermement à l'occasion de rares sorties. Ils tombent vite amoureux de jeunes femmes croisées un soir au cinéma. Mais comment concilier discipline et premières amours?

Vos commentaires et critiques :

C'est le grand retour de John Boorman, qui s'était fait un peu oublier ces dernières années et qu'on retrouve en super forme, 81 printemps au compteur et une inspiration, une énergie, une fantaisie absolument intactes. Comme dans le superbe Hope and glory (1987), dans lequel il évoquait avec une verve et une tendresse incomparables son enfance mouvementée à Londres pendant le Blitzdrieg, il est allé puiser dans ses souvenirs de jeunesse pour nous raconter l'après-guerre d'un jeune homme de dix-huit ans, Bill Rohan (c'était déjà le nom du héros du sus-cité Hope and glory).

Nous sommes en 1952 et Bill achève une adolescence heureuse auprès de parents aimants, dans une maison nichée sur une ile idyllique de la Tamise, à quelques brassées des studios de cinéma qui le font rêver d'une carrière artistique. Il n'a pas encore rencontré l'amour, mais il croit l'apercevoir sous les traits d'une ravissante et élégante jeune fille blonde qui file en vélo le long de la rive au bord de laquelle il nage régulièrement. À peine trouve-t-il l'audace et l'occasion de l'aborder que la conscription l'appelle sous l'Union Flag et il est contraint de rejoindre un camp d'entraînement où il devra jouer les instructeurs pour les jeunes recrues de l'Armée de sa Royale Majesté qui s'apprêtent à combattre en Corée. Pas vraiment la joie mais pas question de se laisser abattre ! Pour mieux résister à la sinistrose, il se lie rapidement d'amitié avec Percy, un rouquin fantasque et très peu porté sur la discipline. Tous deux, pas nationalistes pour deux pennies et convaincus que la Guerre de Corée est une connerie parfaitement inutile, vont avoir fort à faire avec le sergent major Bradley, dont l'obsession du règlement frise la psychose. Heureusement quelques permissions qui riment avec flirts égaieront leur vie militaire.

À partir d'une intrigue simple et légère qui nous emporte sans réticence, John Boorman distille un humour décapant et délicieusement désuet, qui rappelle les meilleurs moments des comédies anglaises des années 50 avec notamment cette histoire désopilante du rapt de l'horloge fétiche de la caserne. Mais il décrit aussi merveilleusement cette époque où les jeunes gens, enfermés dans les carcans sociaux et moraux, ont soif de changement et de liberté. Une liberté qu'incarne notamment la sœur aînée et divorcée de Bill, qui revient des Etats Unis et représente le fantasme de la femme libre hollywoodienne qui fume, se baigne nue et traite d'égale à égal avec les hommes. Une liberté qui annonce déjà, avec un peu moins d'une décennie d'avance, les swinging sixties londoniennes.

Le film est illuminé par des moments drôles et magiques (comme celui où toute la famille est réunie devant la télé toute neuve pour regarder la retransmission du couronnement de la jeune reine Elisabeth II) et par l'interprétation jubilatoire d'une troupe de comédiens formidablement complices, notamment David Thewlis, remarquable en sergent psychopathe, qui cache en lui une fêlure abyssale. Pas de doute, ce film est un vrai bonheur !