SPÉCIAL QUINZAINE DES RÉALISATEURS
Présentée avec succès à Cannes, la mini-série de commande de Bruno Dumont, qui sera proposée par ARTE dès la rentrée, met en scène une enquête policière extravagante, improbable et burlesque autour d’étranges crimes aux abords d’un village côtier du Boulonnais en proie au mal, et d’une bande de jeunes crapules menée par P’tit Quinquin et Ève, son amoureuse.
L’entame est à la hauteur du tout et nous dresse un portrait peu flatteur de la Côte d’Opale, région dont Bruno Dumont est originaire. Ce dernier dresse un tableau peu idyllique entre ses consanguins, ses sales gamins et, surtout, sa crétinerie dégénérative et permanente. Figure de proue d’un casting dont l’amateurisme est complet, le Commandant représente à lui seul les difficultés d’une région et de ses habitants, dont la caricature est poussée à son paroxysme.
Si nombre d’autochtones risquent de mal prendre ce portrait au vitriol de leur région, portait qui est pourtant à prendre au trente-sixième degré, la régalade est totale durant tout le déroulement d’une enquête dont le dénouement (qui n’existe pas) est d’emblée anecdotique. Tout est prétexte à tirer sur l’ambulance d’une France qui perd la tête : racisme dans tout ce qu’il a de plus pudibond, handicap (avec une scène de crise d’autisme particulièrement réussie), surplace de la bureaucratie française, relations adultérines "à tiroirs",... Autant d’éléments qui prêtent à sourire grâce au traitement apporté par Bruno Dumont mais qui laissent aussi à penser que ce P’tit Quinquin est une sorte de "J’accuse", ce qui le rend encore plus intéressant.
Jouant des ficelles humoristiques posées dès le départ, P’tit Quinquin ne peut être qu’un objet de culte (ou de dégoût) dont la mise en scène est par ailleurs soignée avec une gestion parfaite des arrière-plans (où le Commandant est omniprésent) et de plans d’ensemble merveilleux.
P’tit Quinquin ne peut guère laisser indifférent et s’avère donc, de ce point de vue, être une impeccable réussite dont le spectateur ne sort guère indemne. Ânonnant les quelques répliques marquantes et multipliant les tics vus sur les visages de ces comédiens amateurs mais plein de cœur, il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter une bonne vision de ce petit chef-d’œuvre de surréalisme le 18 septembre prochain sur ARTE.
Il me faut la tête Carpentier.
On est au cœur du mal là Carpentier.