Le Garçon et le Monde TP

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À la recherche de son père, un garçon quitte son village et découvre un monde fantastique dominé par des animaux-machines et des êtres étranges. Un voyage lyrique et onirique illustrant avec brio les problèmes du monde moderne.

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Chef d'œuvre du film d'animation, on annonce la couleur, on persiste et on signe : Le Garçon et le monde est une merveille, tant par son graphisme magnifique et son univers sonore que par la poésie et l'émotion qu'il génère. Ce bijou brésilien restera longtemps gravé dans nos esprits, à l'instar des plus grandes réussites d'un Miyazaki ou d'un Takahata, les maîtres japonais. Autant dire qu'il s'adresse tout autant aux adultes qu'aux enfants (pas avant 8 ans).

Le dessin est limpide, minimaliste et pourtant puissamment expressif. Le petit garçon du titre a des bras et des jambes fins comme du fil à coudre, une tête ronde comme un ballon, deux traits verticaux pour les yeux, trois cheveux dressés sur son crâne et il porte une marinière rayée rouge et blanc. Un jour son père n'est plus là, parti pour on ne sait où. Alors le gamin quitte la ferme familiale et se lance à sa recherche. Et tout de suite la magie opère parce qu'à travers les yeux de l'enfant qui découvre le monde, tour à tour merveilleux puis terrifiant, les éléments ne sont qu'un tourbillon de couleurs qui parfois virent au sombre.

Au fil des images qui se métamorphosent harmonieusement, le périple emmène le garçon à travers la nature luxuriante du Brésil puis ce sont les champs de coton où souffrent les ouvriers payés à la tâche, puis les grandes entreprises textiles mécanisées où les rouleaux de tissu semblent animés d'une vie propre et enfin les villes tentaculaires sur lesquelles règnent des animaux-machines qui dominent des humains devenus gris et tous identiques.

Car derrière le récit du voyage de l'enfant, initiatique et parfois cruel, c'est en filigrane la situation économique et sociale du Brésil qui se révèle, des bribes de son histoire et de sa culture qui défilent. Une histoire marquée par la culture du coton si doux et pourtant symbole de tant de souffrances, une culture née avec l'histoire de l'esclavage. Aujourd'hui est venu le temps de l'industrialisation galopante qui se déploie sans scrupules, au détriment d'une nature pendant des siècles inviolée. Et parmi les plus belles images du film, on retiendra le combat meurtrier et magnifique entre un oiseau de paradis et un oiseau noir, évidemment emblématique des situations de conflit qui déchirent nos temps modernes.

Si cette fable politique et écologique dégage une telle force, une telle poésie, c'est qu'elle est transcendée par une animation inouïe de beauté et d'invention, qui utilise toutes les techniques artisanales, à vingt mille lieues de l'image informatisée : fusain, crayons de couleurs, pastels, papiers déchirés, inserts photos… tout ça compose une symphonie visuelle inoubliable, encore rehaussée par une bande son exceptionnelle, qui fait appel à tout ce que la musique brésilienne actuelle compte de jeunes talents, dans les styles les plus divers.