À la vie

Vous aimez ce film, notez le !
La note moyenne actuelle est de 16,00 pour 1 vote(s)
1960. Trois femmes, anciennes déportées d'Auschwitz qui ne s'étaient pas revues depuis la guerre, se retrouvent à Berck-Plage. Dans cette parenthèse de quelques jours, tout est une première fois pour Hélène, Rose et Lili : leur premier vrai repas ensemble, leur première glace, leur premier bain de mer… Une semaine de rires, de chansons mais aussi de disputes et d'histoires d'amour et d'amitié...

Vos commentaires et critiques :

 

Auschwitz-sur-Mer

On éprouve toujours un certain malaise à voir des images ou un film qui nous parle  de ce qui fut le plus grand génocide de l’histoire de l’Humanité, la Shoah. Et si nous n’étions pas nés il y a toujours ce sentiment à la fois de révolte et de honte qui nous envahie. Si encore on pouvait espérer que cela ne peut se reproduire…

Voilà un beau film étonnant, car s'il traite – arrière-plan omniprésent – de la mémoire de la Shoah, il le fait sous un angle relativement rare, non pas exclusivement celui de la mémoire de l'indicible qui hante ceux qui l'ont vécu, mais aussi celui de la force avec laquelle les victimes ont réussi à retrouver le plaisir de vivre, de rire, d'aimer. Cette histoire rassemblant trois femmes, le réalisateur Jean-Jacques Zilbermann n'a pas eu trop de mal à l'imaginer… puisque c'est celle de sa mère Irène, devenue ici Hélène, rescapée d'Auschwitz, et de ses deux copines de déportation Lili et Rose, perdues de vue durant quinze ans, vivant à des milliers de kilomètres les unes des autres, l'une à Paris, la deuxième à Amsterdam et la troisième à Montréal, qui firent une fois réunies le serment de se retrouver chaque année à Berck Plage, station balnéaire de la Côte d'Opale. À la fin des années 80, Zilbermann en avait fait un très touchant documentaire, « Irène et ses sœurs ».

Après une rapide scène introductive se déroulant peu avant la libération des camps, et une autre montrant les retrouvailles d'Hélène et de son amour d'adolescence à la Fête de l'Huma – un homme qui deviendra son mari malgré son impuissance – le film nous transporte quinze ans plus tard à Berck, un été, pour les premières vacances entre copines d'Hélène, de Lili, la hollandaise libérée et pragmatique, et de Rose, la fantasque canadienne, coquette jusqu'au bout des ongles. Ce qui est frappant et amusant, c'est le contraste entre ce que l'on sait du passé dramatique des trois femmes et l'ambiance surannée et colorée de cet été des sixties insouciantes. Mais après la première glace, les premiers bains de mer, chacune se révèle à elle-même et les souvenirs ressurgissent. Hélène, qui a toujours vécu dans l'abstinence, découvre le plaisir dans les bras d'un jeune animateur du club Mickey… et on comprend que l'apparente futilité de Rose cache une blessure jamais refermée.

Zilbermann, à travers cette chronique à la fois tendre et parfois cruelle servie par trois actrices remarquables, réalise une belle ode à la vie, où l'impératif du pardon envers soi-même comme envers autrui et la force de l'amitié prennent toute leur place.