Une classe de seconde du Lycée Léon Blum à Créteil, une de ces classes compliquées, à la composition très hétérogène, qui a tout pour devenir la bête noire de l'établissement. De fortes têtes charismatiques qui polluent les cours, des élèves au niveau insuffisant, des attitudes irrespectueuses, des histoires personnelles difficiles… bref, à la fin du premier trimestre le constat est sans appel, la classe est en perdition et tout laisse à penser que les élèves vont aller grossir le rang des laissés pour compte de l’éducation nationale. Seule l’enseignante d’histoire et d’histoire de l’art Mme Gueguen (campée par Ariane Ascaride qu’on applaudit des deux mains pour sa justesse et son éclat) – au nom pourtant prompt à aiguiser la verve des persifleurs – rame à contre-courant du défaitisme ambiant et continue à chercher des solutions, des idées pour avancer. Contre l’avis du proviseur, elle va donc proposer aux élèves de participer au concours national de la Résistance et de la Déportation, qui consiste en la production d’un dossier sur une thématique liée à la mémoire. Bien entendu les élèves affichent d'abord une indifférence narquoise à l'annonce du projet : ça ne les intéresse pas, ça ne les concerne pas, ils n'ont aucune chance de gagner… Et puis, accompagnés, encouragés, parfois portés à bout de bras par l'enthousiasme et la persévérance de Madame Gueguen et de sa collègue documentaliste, les adolescents vont emprunter un long et tortueux chemin au cours duquel tous vont se révéler… Et je m’arrêterai là pour vous laisser découvrir les belles surprises dont regorge ce film…
Au départ de cette histoire, il y a le désir d’un ancien élève du lycée Léon Blum, Ahmed Dramé, de rendre hommage à cette enseignante qui, après avoir eu une idée modeste et géniale comme dirait l'autre que vous n'entendez plus sur France Inter, a réussi à changer le destin d’une classe vouée à un échec gravé dans le marbre du déterminisme scolaire… Ahmed Dramé a d’abord écrit un court récit de cette expérience, puis a trouvé en Marie Castille Mention-Schaar la partenaire idéale pour la porter à l’écran. Tous deux nous invitent à croire en l'improbable tout en évitant habilement l'angélisme gnan-gnan. Pas de caricature ici pour dépeindre les raisons qui poussent les adolescents à se détacher de l’enseignement – doux euphémisme –, à rejeter « l’école » et se retrancher dans l’usage de la violence pour s’exprimer… Seules des esquisses d'explication sont suggérées : la pression sociale, celle des religieux, des parents, des fratries, du manque d’espoir face à un avenir qui s’annonce plus qu’incertain. Le film s’attache en revanche à marteler que l’espoir réside dans la nécessité absolue de donner du sens à l’enseignement, de rechercher constamment la pédagogie adaptée, voire alternative, face à des adolescents qui vivent dans une société en mouvement perpétuel… S’il fallait un mot pour qualifier ce film : vivifiant !