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Monsieur Pierre Cofin. Ce réalisateur de films d'animation français n'a pas une filmographie aussi longue que ses homologues américains, mais possède derrière lui une expérience non négligeable. Diplômé de l'école d'animation de Paris, Les Gobelins, avant d'avoir passé quelques années chez Amblimation, studio d'animation londonien lancé par Steven Spielberg, il a fait ses preuves en participant à quelques projets pour la télévision et le cinéma. Cela fait maintenant cinq ans que Pierre Cofin et son équipe d'animateurs dévoilent l'étendue de leur talent, et ce, depuis Paris et les locaux du studio d'animation Illumination Mac Guff. Société qui, suite au succès de Moi, Moche et Méchant, a été racheté par à la société américaine de production Illumination Entertainment. Le budget des films d'animation qui sortent des studios de chez Illumination Mac Guff sont moindres (même s'il y a eu une évolution notable pour les suites) que ceux de chez Disney Pixar pour ne citer qu'eux. Techniquement ça se ressent, mais depuis leur premier film, ils ont trouvé le filon à exploiter pour attirer les spectateurs. Le filon ou plusieurs, puisqu'ils se nomment : Les Minions. Ces gentilles petites créatures se sont rapidement fait un nom, mettant littéralement de côté le véritable protagoniste du film Moi, Moche et Méchant. Mais ne faudrait-il pas user la corde trop rapidement. Ce spin-off dédié aux Minions est-il le film de trop ?
Les Minions est un film qui surfe sur le succès de Moi, Moche et Méchant et de sa suite qui ont a tous les deux attirés un peu plus de 7.5 Millions de spectateurs français dans les salles et rapportés plus de 600 Millions de dollars au box-office US. Les animateurs l'avaient bien compris, ce qui a fait le succès des films et plus particulièrement de sa suite, ce sont les Minions. Par leur langage à part et leurs réactions complètement loufoques, ils provoquent le rire et sortent du carcan formé par le film en lui-même. Ils tirent leur épingle du jeu, pour le plus grand bonheur des animateurs qui en avaient déjà presque fait les stars de Moi, Moche et Méchant 2. Ils étaient seuls à bord de la bande-annonce officielle du film. C'est donc sans surprise qu'arrive sur nos écrans un spin-off dédié aux Minions et plus particulièrement à Bob, Kevin et Stuart, les trois Minions les plus charismatiques de cette grande famille. Les trois personnalités les plus distinctives du lot de Minions qui partent à la recherche d'un nouveau maître machiavélique. Les Minions centralise son récit au cœur d'un Londres des années 60, mais lors de l'introduction prend quand même le temps d'expliciter avec humour quelle a été la vie des minions avant tout ça. Là est le problème du scénario concocté par Brian Lynch.
L'histoire du film cherche à lier la recherche d'un maître par les Minions avec leur première rencontre avec Gru, fameux protagoniste des Despicable Me. En ce plaçant majoritairement dans le Londres des années 60, ça rend le film sympathique puisqu'il peut surfer sur les références et la pop-culture de cette génération, mais délaisse toutes les époques précédentes. La Préhistoire, l'époque des Pharaons, les guerres Napoléoniennes... tous ces contextes historiques auraient permis au film de sortir des conventions modernes et de se détacher de l'identité des films Moi, Moche et Méchant. Les Minions est un long-métrage bien conçu, car il est drôle, et ce, sur les 1h31 de sa durée. Bob, Kevin et Stuart sont attachants et grâce à leur langage si spécifique, ils arrivent toujours à faire rire, même dans les situations les plus improbables. La tonalité employée par Pierre Cofin (doubleur des petits êtres jaunes) est toujours en adéquation avec la séquence afin de rendre le rire communicatif. Néanmoins, le film ne possède pas de réelle identité puisqu'il reprend les thématiques des précédents films. Le scénario cherche à rattacher ce spin-off à la série alors qu'il aurait fallût faire l'inverse.
Un peu plus travaillé que les précédents films des studios Illumination Mac Guff, Les Minions est un joli film. Visuellement chatoyant, les couleurs sont pétillantes et ancrées dans la pop-culture. Des textures qui manquent de finesse et un panel d'animation assez léger, comparé à la concurrence américaine, mais le long-métrage reste beau et agréable à regarder. Nous sommes face à un film d'animation pure et dure dans la veine des cartoons qui usaient du slapstick pour faire rire. Le réalisme n'est pas recherché et ce n’est pas plus mal. Surréaliste et drôle, mais qui manque de folie que ce soit dans la mise en scène ou l'écriture. Convenu, prévisible et qui se contente de rester dans la veine des Moi, Moche et Méchant. Heureusement pour lui, l'ambiance qui s'en dégage est bonne et la pop culture des années 60 est omniprésente. Entre références visuelles que ce soit au monde du cinéma ou de la musique, mais également sonore avec l'utilisation de morceaux des Who ou des Doors, le film est ancré dans les années 60 et s'en sert à merveille. Une ambiance décomplexée et joviale qui permet à Bob, Kevin et Stuart de s'en donner à cœur joie et de nous sortir leurs plus belles punchlines. Sur ce comme dirait les minions "Euh... la Cucaracha ? Pasteka !"