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Voilà sans doute la comédie de fin d’année qui va vous faire du bien, une belle surprise emmenée avec brio par des comédiens qu’on aime, Karin Viard et l’inénarrable François Damiens. Comme indiqué dans le titre, le film dresse le portrait d’une famille, de deux parents agriculteurs qui vont devoir affronter le passage à l’âge adulte de leur fille. Quoi de plus normal me direz-vous, les enfants grandissent, vous en font voir de toutes les couleurs tant qu’ils sont à la maison, et puis quand ils vous annoncent qu’ils veulent partir pour au mieux poursuivre des études, qui à Paris, qui à Barcelone merci Erasmus, c’est le drame, l’inquiétude, la peur même de la séparation. C’est, quelles que soient les circonstances, un moment important dans chaque famille, une étape fondatrice dans la construction des enfants... et aussi des parents !
Pour la famille Bélier, c’est un peu plus que ça et pour cause. Dans cette famille, tout le monde est sourd et muet sauf Paula. Du haut de ses seize ans, elle est quasiment indispensable à ses parents pour assurer le quotidien. Que ce soit à la ferme, sur les marchés pour vendre les fromages, ou bien encore pour traduire les propositions politiques que formule son enragé de paternel qui a décidé de briguer un mandat municipal. Et le pire, c’est qu’il est persuadé de pouvoir gagner. Pour l’adolescente, toutes ces responsabilités sont un peu lourdes à assumer. Elle est à un âge où on a envie de prendre l’air, de voir ses amis, de chanter dans une chorale. C’est à l’occasion d’un de ses cours de musique que Monsieur Thomasson – désopilant Eric Elmosnino –, son professeur de musique fan de Michel Sardou (personne n’est parfait), va persuader Paula qu’elle a un don pour le chant et qu’il serait vraiment dommage de ne pas l’exploiter. Il va la persuader de préparer le concours de la maîtrise de Radio France.
Drôle et émouvant, La Famille Bélier est une vraie bonne comédie, qui porte un regard décalé et bienveillant sur un handicap. Et en faisant ce portrait haut en couleur de cette famille qui dit les choses souvent sans détours, sans circonvolutions, le réalisateur fait sensiblement bouger les lignes de la normalité. Karin Viard et François Damiens – les parents, bien sûr – livrent une performance géniale. On connaît leur potentiel comique, leur verve, leur sens de l’improvisation. Mais pour ce rôle, ils ont du maîtriser chaque ligne de dialogue en langue des signes pour ensuite l’interpréter. Le résultat est tout bonnement bluffant et ils sont aussi hilarants que touchants. On découvre avec plaisir une nouvelle facette de Damiens, qui affirme de rôle en rôle l’étendue de son talent (souvenez-vous de sa performance dans Suzanne, il y un an tout juste).
Alors si vous n’aimez pas rire, si vous n’aimez pas pleurer, si vous n’aimez pas Karin Viard ni François Damiens et si vous ne supportez pas les gens qui parlent avec les mains, alors pas de doute, ce film n’est pas pour vous. Pour les autres, ceux qui n’ont pas peur de rire ni d’être émus, bienvenue chez la famille Bélier.