Room

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Jack, cinq ans, vit seul avec sa mère, Ma. Elle lui apprend à jouer, à rire et à comprendre le monde qui l’entoure. Un monde qui commence et s’arrête aux murs de leur chambre, où ils sont retenus prisonniers, le seul endroit que Jack ait jamais connu. L’amour de Ma pour Jack la pousse à tout risquer pour offrir à son fils une chance de s’échapper et de découvrir l’extérieur, une aventure à laquelle il n’était pas préparé.

Vos commentaires et critiques :

Dans STATES OF GRACE de Destin Cretton, Brie Larson incarnait une femme-enfant bouleversante, révélant déjà un jeu subtil tout en vulnérabilité et douceur, laissant poindre à l’orée d’une innocence touchante une violence et une rage farouches.

ROOM est un film éprouvant, l’actrice y gagnera un Oscar.

L’histoire est grave, et malgré la poésie et l’espoir qu’apporte la narration faite du point de vue du petit garçon de 5 ans, on en ressort tourmenté, en proie à l’horreur d’imaginer que de telles situations arrivent dans la réalité.

Que signifie autant de perversion et de destruction ? Placé face au mystère du Mal, chacun de nous, en son âme et conscience, ne peut que s’interroger : que puis-je faire, à mon échelle, pour transformer la société, pour agir, pour protéger ?

ROOM étant inspiré de faits réels, si le spectateur ne dédramatise pas ce qu’il voit, le choc intérieur est intense.  

Réaliser que cette jeune fille, dont le prénom Joy (joie) est d’une ironie douloureuse, est restée séquestrée de 17 à 24 ans, dans un cabanon, au fond d’un jardin entouré de voisins et que personne ne s’en est rendu compte, cela glace le sang !

ROOM pose la question de la responsabilité, celle de chacun d’entre nous.

Quand Joy est libérée, elle reproche à sa mère de l’avoir éduquée à être « une gentille fille », elle soutient qu’elle n’aurait peut-être pas suivi cet homme qui avait perdu son chien… l’a enlevée, séquestrée et violée pendant 7 ans.

Que veut dire exister lorsqu’on est seule et coupée du monde sans personne pour vous entendre ? Une scène qui semble quotidienne devient pourtant effrayante : la mère et le fils hurlent en espérant être entendus par les « aliens » qui font partie de la fantaisie qu’à inventée Joy pour préserver son fils de la réalité. Ils hurlent à se crever les tympans, et personne n’entend ; pourtant le velux est ouvert juste au-dessus d’eux, laissant filtrer la lumière du jour. Insoutenable paradoxe de leur situation : le monde est à quelques mètres d’eux, et le monde leur reste inaccessible.

En même temps que ce film parle de la folie humaine, de destins brisés, d’abus ; il parle aussi de courage, de résilience, d’amour.

Interviewée par la télévision après sa libération, Joy a exprimé que tout a changé à partir de la naissance de son fils, lorsqu’elle a perçu qu’elle devait absolument le protéger. Et donc vivre.

Le lien entre la mère et le fils, lien fusionnel, de protection réciproque, est extrêmement fort. Ici, deux âmes se choisissent pour se sauver et se dressent ensemble face à la Peur personnifiée par le bourreau, pour la terrasser.

Cette phrase prononcée par la mère de Joy : « seul on ne peut rien, on a besoin les uns des autres pour être fort » pourrait être la maxime du film. La beauté est dans cet enfant de 5 ans, porteur d’une lumière si puissante qu’il éclairera sa mère jusque dans l’enfer de sa situation pour lui donner le courage de se battre pour eux deux.

Le plus petit que soi nous pousse à nous dépasser.

De cette abnégation vécue par la mère afin de préserver son enfant du monstre qui les séquestre et pour protéger cette innocence porteuse de tant de potentiel de vie va jaillir la force et l’idée qui les sauvera.

Oui, on assiste au jaillissement de la volonté de vivre et de se reconstruire, à la prise de décision de choisir d’aimer, de découvrir le monde extérieur et de refaire confiance.

Malgré les traumatismes, malgré les morts psychiques et physiques éprouvées : Joy et son fils sont des vivants, des âmes libres qui s’affranchissent et aspirent à vivre coûte que coûte.

ROOM nous laisse avec l’idée que l’être humain est porteur d’une force insoupçonnée qui se décuple dans le lien d’amour.