L'Attente

Dans les grands salons d’une ancienne villa marquée par le temps, Anna, touchée par un deuil soudain, passe ses journées dans la solitude. La campagne sicilienne, sauvage et d’une grande beauté, entoure la maison et l’isole tandis que le brouillard se lève lentement sur les flancs de l’Etna. Seuls les pas de Pietro, l’homme à tout faire, rompent le silence. À l’improviste arrive Jeanne, la petite amie de Giuseppe, le fils d’Anna, qu’il a invitée à venir passer quelques jours en Sicile. Anna ignorait l’existence de Jeanne et Giuseppe est absent. Il va revenir bientôt, très bientôt.....c’est ce que dit Anna à Jeanne. Les jours passent, les deux femmes apprennent lentement à se connaître et attendent ensemble le jour de Pâques, où Giuseppe rentrera pour la procession. Piero Messina propose ici une déclinaison sur le thème du deuil, sans pathos, sans effets mélodramatiques, en s’autorisant juste un artifice scénaristique – le mensonge par omission sur l’absence de Giuseppe, qui tient tout au long du film. L’émotion passe essentiellement par la relation qui se noue entre les deux femmes, de moments d’embarras en instants de pure complicité, de discussions en confidences, et par les regards échangés. Piero Messina, dont c’est le premier long métrage est un jeune réalisateur prometteur. On regrettera cependant un excès de style et le jeu outrancier de Juliette Binoche qui dans ce film a le teint aussi jaune que François Mitterrand pendant sa maladie. Si l’actrice nous lie elle comprendra… La jeune  Lou de Laâge s’en tire plutôt dans le rôle ingrat de la petite amie.