Un triomphe

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Un acteur en galère accepte pour boucler ses fins de mois d'animer un atelier théâtre en prison. Surpris par les talents de comédien des détenus, il se met en tête de monter avec eux une pièce sur la scène d’un vrai théâtre. Commence alors une formidable aventure humaine. Inspiré d’une histoire vraie.

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Étienne endosse sa vieille parka et s’embarque dans de longs trajets en train, en bus, en métro, parfois pour se rendre à des castings, mais le plus souvent pour aller donner des cours de « team-building » ; pour celles et ceux qui ne parleraient pas le langage de la start-up nation chère à notre président : de cohésion d’équipe. Et c’est bien cela dont il va s’agir dans ce film : d’équipe, de bande, de collectif, de troupe. Mais pas n’importe quelle troupe. Car Étienne (Kad Merad, impeccable) est comédien. Et quand son ami Stéphane, directeur d’une grande salle subventionnée en banlieue, avec lequel il a longtemps travaillé, lui demande de le remplacer pour animer un atelier théâtre en prison, il accepte aussitôt.
Le voici qui découvre alors l’univers carcéral, avec ses badges, ses portes blindées, ses longs couloirs grillagés, ses codes et ses détenus qui ont plus envie de se marrer que de devoir apprendre par cœur Le Lièvre et la tortue. Car pour Jordan, Patrick, Alex, bientôt rejoints par Moussa, Kamel et Boiko, ces cours de théâtre sont l’occasion de voir autre chose que les murs de leur cellule, de faire passer le temps, de s’évader.
Étienne décide alors d’abandonner les fables de la Fontaine et propose à sa petite bande de viser plus haut : ce ne sera rien de moins que de s’attaquer à En attendant Godot de Samuel Beckett, pièce cultissime mais certes pas commode qu’il a lui-même jouée avec Stéphane vingt ans auparavant. Le combat est lancé et il est de taille, car Étienne n’a pas l’intention de s’arrêter au travail d’expression théâtrale entre les murs de la prison, il veut que ses taulards joue la pièce de Beckett pour de vrai, sur une vraie scène, devant un vrai public. Il faut des autorisations, convaincre Stéphane de leur prêter son théâtre, puis s’assurer l’approbation active de la directrice du centre de détention, tout cela en maintenant le moral et la motivation de la troupe, qui connaît des hauts et des bas… Les obstacles sont nombreux mais Étienne ne lâche rien. Il le fait pour ses « élèves », auxquels il s’attache, auxquels il sent qu’il peut vraiment apporter quelque chose. Il le fait aussi pour lui, parce que c’est l’occasion de renouer avec les planches, et de prendre une sorte de revanche. Par le passé, il a dû emmerder pas mal de gens de la profession, qui le trouvaient sans doute testard et mégalo, mais cette fois c’est bien grâce à sa pugnacité et à son sale caractère qu’il peut réussir dans son entreprise passablement casse-gueule, il faut bien le dire…
La force et le charme d’Un triomphe résident dans le mariage heureux de la chronique sociale et de la comédie. Un triomphe émeut autant qu’il fait rire. Et on est d’autant plus emballé quand on apprend que le scénario est inspiré de l’expérience bien réelle menée dans les années 80 par le metteur en scène suédois Jan Jönson : savoir qu’une histoire aussi réjouissante ne relève pas de la seule fiction, ça fait chaud au cœur !