Avant de devenir un des réalisateurs emblématiques de la Nouvelle Vague, Eric Rohmer fut professeur de lettres. Il publie un roman, Elisabeth, en 1946. Eric Rohmer écrit ensuite pour différentes revues, et fonde La Gazette du cinéma où il fait la connaissance de Jean-Luc Godard, Jacques Rivette, François Truffaut, ou encore Claude Chabrol - avec lequel il signe en 1955 un livre sur Alfred Hitchcock. Ce groupe de futurs réalisateurs intègre rapidement les Cahiers du cinéma, dont Rohmer devient rédacteur en chef de 1957 à 1963. Aîné de la bande, il est le premier à passer à la mise en scène, en 1950, avec le court-métrage Le Journal d'un scélérat. Mais c'est seulement en 1959 qu'il réalise son premier long-métrage, Le Signe du lion, sorti sans grand succès trois ans plus tard. En 1962, il crée avec Barbet Schroeder, la société Les Films du Losange, qui produira la majorité de ses films. La même année, il entame un cycle de six films baptisé Contes Moraux. On trouve déjà dans ces intrigues sentimentales les thèmes chers au cinéaste (la tentation de l'infidélité, le destin) ainsi que le style qui fera sa marque, entre légèreté et sophistication, dialogues littéraires et mise en scène épurée. Ma nuit chez Maud (1969), et Le Genou de Claire (1970, Prix Louis-Delluc) sont particulièrement remarqués.Aux Contes moraux succède une autre collection, les Comédies et proverbes, qui couvre les années 80. On peut citer parmi les oeuvres de cette série Pauline à la plage (1982) ou Le Rayon vert (1986), film en partie improvisé qui obtient le Lion d'Or à Venise (Rohmer recevra cette même distinction pour l'ensemble de sa carrière en 2001). La décennie suivante est marquée par les Contes des quatre saisons, dans lesquels le cinéaste poursuit son exploration des jeux de l'amour et du hasard. Parallèlement, il s'offre régulièrement des intermèdes, en tournant des films qui ne font pas partie des fameuses séries, comme 4 Aventures de Reinette et Mirabelle (1987). En construisant une oeuvre cohérente et exigeante, Rohmer s'est vite attiré les faveurs de la critique internationale, et s'est constitué au fil des années un public fidèle et fervent. " Auteur " français par excellence, Rohmer écrit seul les scénarios de ses films, même s'il s'est aussi essayé à l'adaptation littéraire: La Marquise d'O (1976), Perceval le Gallois (1978). S'il choisit le plus souvent des jeunes comédiens inconnus, il lui est arrivé de faire appel à des acteurs confirmés, comme Jean-Louis Trintignant (Ma nuit chez Maud, 1969), André Dussollier (Le Beau Mariage, 1982) , ou Melvil Poupaud (Conte d'ete, 1995). Et c'est dans des films d'Eric Rohmer qu'ont été révélés Arielle Dombasle, Pascal Greggory et Fabrice Luchini, acteurs fétiches du cinéaste devenus des valeurs sûres du cinéma français. Discret, avare de confidences (sa date de naissance varie selon les biographies...), cet homme érudit a écrit un essai musicologique sur Mozart et Beethoven, et mis en scène des pièces de théâtre.A plus de 80 ans, Eric Rohmer continue son parcours singulier. Après un film sur la Révolution Française réalisé en numérique (L' Anglaise et le Duc, 2001), il tourne Triple agent, un film d'espionnage dont l'action se déroule en 1936.