Roberto Rossellini est né à Rome en 1906, dans une riche et extravagante famille romaine. Son père entrepreneur a construit en 1918 le premier cinéma moderne de Rome. Il passe son
enfance entouré des amis de ses parents, tous intellectuels, écrivains, artistes, « un genre d’escrime qui procure pour la vie entière une ferveur intellectuelle, une soif de savoir, un besoin de comprendre ». Après une jeunesse dispendieuse, durant laquelle il dilapide successivement l’héritage de son grand-père et de son père en voitures de course, compétitions de moto, aventures amoureuses, il tourne ses premiers films dans les années trente — des documentaires sur la nature, les fonds marins, les animaux et les insectes. Bien que ses trois premiers longs métrages (Le Navire blanc, Un pilote revient, L’Homme à la croix) soient tournés, entre 1941 et 1943, avec l’aide de Vittorio Mussolini, Rossellini reste fidèle à la leçon antifasciste de son père : “Les enfants, rappelez-vous que le noir cache très bien ce qui est sale”. 1943 marque un tournant, avec son entrée dans la Résistance et sa rencontre avec le scénariste communiste Sergio Amidei. Il en naîtra la « Trilogie des villes en ruines », Rome, ville ouverte (1945), Païsa (1946), Allemagne année zéro (1947), fictions rejoignant une enquête documentaire sur l’état de destruction physique et morale de l’Europe suppliciée par la barbarie nazie. Jusqu’à sa mort en 1977, Roberto Rossellini, en dépit des tournants artistiques et théoriques plaçant constamment son œuvre à l’avant-garde, demeurera fidèle aux enseignements moraux et didactiques du néoréalisme, ainsi qu’aux fantômes d’une oeuvre-tombeau hantée par la mort de son fils Marco Romano en 1946, à l’âge de onze ans.
