Lycéen en banlieue parisienne dans les années 70, Christian Vincent se consacre davantage au militantisme politique qu'à la cinéphilie. Mais la découverte, à 21 ans, de La Règle du jeu est un choc pour le jeune homme, qui s'oriente alors vers le 7e art. Après des études de sociologie et de cinéma, il intègre l'IDHEC en 1979. Il tourne pour la fameuse école plusieurs courts métrages remarqués, comme Il ne faut jurer de rien (1983) avec, déjà , Fabrice Luchini, avant de devenir assistant monteur sur les derniers films de... Max Pécas. Il travaille également pour les actualités régionales de France 3 Nord-Pas de Calais.A la fin des années 80, Christian Vincent fait des recherches sur la coquetterie au 18e siècle, et en particulier l'usage des mouches, pour les besoins d'un film collectif doit il doit réaliser un sketch. Le projet est abandonné, mais fournira au cinéaste l'argument de son premier long métrage, La Discrète, brillante comédie de caractères avec l'éloquent Luchini, acteur rohmérien encore inconnu du grand public. Succès critique et commercial inattendu, le film récolte trois César en 1991, dont celui de la Meilleure première oeuvre, et fait du cinéaste l'un des jeunes auteurs en vue, aux côtés de Rochant ou Desplechin. Le réalisateur enchaîne avec le modeste Beau fixe, marivaudage qui offre à Isabelle Carré et Elsa Zylberstein leur premier grand rôle en 1992.Tourné dans des conditions plus confortables - Berri à la production, Huppert et Auteuil au casting-, La Séparation, son troisième opus, relate, avec une infinie délicatesse, une rupture amoureuse. En 1997, Je ne vois pas ce qu'on me trouve, avec Berroyer, témoigne encore du talent de Christian Vincent à croquer le quotidien avec tendresse et humour, mais le cinéaste choisit ensuite de bousculer ses habitudes en signant Sauve-moi, chronique sur la misère sociale, tournée à la suite d'un atelier d'écriture mis en place autour de 17 chômeurs. En 2005, il revient sur un terrain plus familier avec Les Enfants : dix ans après La Séparation, il s'agit d'une nouvelle adaptation d'un roman de Dan Franck, cette fois sur les familles recomposées. Le film est aussi pour le réalisateur l'occasion de retrouver une de ses actrices-fétiches, Karin Viard.