Víctor Erice étudie les sciences politiques avant d’intégrer l’El Instituto de Investigaciones y Experiencias Cinematográficas en 1960. Peu après, il devient critique et scénariste et signe notamment le scénario d’ El próximo otoño (1963) d’Antoni Eceiza et d’ Oscuros sueños eróticos de agosto (1967) de Miguel Picazo. D’une rare sobriété, l’œuvre de Víctor Erice n’en est pas moins une des plus originales du cinéma espagnol. L’Esprit de la ruche (1973) est considéré par la critique de son pays comme une parabole secrète et sensible du franquisme, usant du mythe de Frankenstein et des fantasmes qu’il inspire à une petite fille. L’atmosphère mystérieuse et la force de l’imaginaire en font cependant un film d’une portée universelle. Dix ans plus tard, ce cinéaste perfectionniste, qui ne tourne que lorsqu’il a quelque chose à dire, signe Le Sud (1982), nouvelle étude de l’enfance et de la mémoire. Une mise en scène contrôlée et très écrite, un regard contemplatif posé sur les paysages d’Espagne et les aléas d’une distribution confondant acteurs professionnels et amateurs, confèrent au cinéma de Víctor Erice un réalisme émouvant et un rythme étrange. Le cinéaste garde le silence jusqu’en 1992, lorsqu’il réalise Le Songe de la lumière, avec Antonio López comme sujet central, peintre figuratif espagnol de tout premier plan. Ce film sans scénario, qui mélange le documentaire et la fiction, apparaît comme une profonde réflexion sur l’art explorant dans la même intention le sens de la création cinématographique.