Fille d'enseignants cinéphiles, Laetitia Masson, originaire de Nancy, n'a que sept ans lorsqu'elle voit pour la première fois un film de Jean-Luc Godard. Fuyant la vie de province, elle suit à Paris des études de lettres et de cinéma, avant de s'inscrire à la Femis en section "Lumière et cadre". Co-scénariste de Bar des rails de Cédric Kahn, elle tourne en 1993, après plusieurs courts, Nulle part, moyen-métrage avec Hélène Fillières.En 1996, Laetitia Masson passe au long avec En avoir (ou pas), chronique qui décrit avec finesse et réalisme les rêves et les désillusions d'une jeune fille à la recherche d'un emploi... et de l'amour. La fraîcheur et l'authenticité de Sandrine Kiberlain, dans le rôle d'Alice, lui valent le César du meilleur espoir féminin, et le film est un beau succès critique et public. Mais dès son deuxième essai, la cinéaste s'éloigne du naturalisme : récit déconstruit, A vendre, présenté à Cannes dans la section Un Certain Regard, revisite le film noir à travers la traque d'une femme à la dérive par un détective privé. Avec son troisième film, Laetitia Masson clôt une trilogie dont l'héroine est Sandrine Kiberlain. Après "le travail" dans le premier volet, et "l'argent" dans le deuxième, Love me est centré sur "l'amour". Mais cette exploration de la mythologie du rock'n'roll (incarnée par Johnny Hallyday) déconcerte les spectateurs, tout comme le film suivant de la cinéaste, La Repentie, bâti autour d'une autre idole, Isabelle Adjani. Après ces deux échecs commerciaux, un producteur lui propose de porter à l'écran un best-seller de son amie Christine Angot : Pourquoi (pas) le Brésil ? est le récit de ce tournage inabouti. On retrouve les obsessions de Masson (l'identité, la trahison) dans cette "anti-adaptation littéraire", qui est aussi l'émouvant autoportrait d'une réalisatrice en crise.