Lino Brocka

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  • Date de naissance : 07 avril 1939
  • Décédé(e) le : 22 mai 1991
  • Né en 1939 et mort prématurément en 1991 à l’âge de 52 ans, Lino Brocka est unanimement salué comme l’un des plus importants cinéastes philippins, et surtout l’un de ses plus célèbres représentants à l’étranger. Avant que Brocka ne fasse son apparition dans les années 1970, le cinéma philippin est en pleine expansion, surtout depuis les années 1950 où apparaissent les premières œuvres ambitieuses (Genghis Khan de Manuel Conde en 1951) et où se développent les grands studios. Les années 1960 sont très prolifiques mais la qualité des films tournés laisse souvent à désirer : il s’agit souvent de pâles copies de films de genre américains ou japonais. C’est dans les années 1970 – alors que le régime dictatorial de Ferdinand Marcos est en place depuis 1965 – qu’un petit nombre de réalisateurs commencent à prendre des risques et qu’émerge pour la première fois un cinéma indépendant philippin, dont Lino Brocka sera la tête de file. Il réalise en 1970 son premier long-métrage, Wanted: Perfect Mother, pierre angulaire d’une œuvre qui comptera plus de 50 films. Son premier gros succès est Tinimbang ka ngunit kulang (jamais sorti en France), portrait sans concession de la société philippine qui obtient de nombreuses récompenses dans son pays. Suite à ce succès, Lino Brocka crée sa propre société de production, CineManila. Il réalise ensuite ses deux chefs-d’œuvre, Manille et Insiang, sortis respectivement en 1975 et 1976, qui consacreront son auteur et lui ouvriront les portes de l’international en partie grâce à la sélection d’Insiang au Festival de Cannes de 1978, à la Quinzaine des Réalisateurs. Par la suite, plusieurs de ses films seront sélectionnés à ce festival, parfois dans la prestigieuse compétition officielle. Lino Brocka est connu pour être un cinéaste très engagé politiquement – l’un des seuls dans son pays –, osant s’attaquer à des sujets sociétaux très forts, tels que la pauvreté, l’homosexualité ou les marginaux en général. Ce refus de la langue de bois lui vaut beaucoup de problèmes avec le pouvoir en place, le cinéaste devant ruser pour éviter la censure – ce qui ne l’empêchera pas de faire un court séjour en prison. À travers sa filmographie, Brocka fait le choix de s’adresser à un public populaire ; en alternant films « commerciaux » et films plus ambitieux politiquement et esthétiquement, le réalisateur souhaite élever le niveau du cinéma national tout en éveillant les consciences de ses concitoyens. Grâce aux films de Lino Brocka, le monde entier a pu découvrir tout un pan inconnu du cinéma asiatique. Quant à lui, il est désormais considéré comme un véritable « héros national » en son pays, ayant contribué à sa façon à la chute de la dictature Marcos.