Pierre Laudenbach, dit Pierre Fresnay, est un acteur français né le 4 avril 1897 à Paris 5e et mort le 9 janvier 1975 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine).
En quarante ans sur les plateaux de tournage, il joue sous la houlette de grands réalisateurs de l’époque, de Maurice Tourneur et Abel Gance à Jeff Musso, en passant par Marc Allégret et Alfred Hitchcock (dans la première version de L’Homme qui en savait trop en 1934), et Henri-Georges Clouzot. Outre son rôle de Marius dans la trilogie marseillaise, ses compositions dans La Grande Illusion (1937) où il incarne Boëldieu, un aristocrate fier et nostalgique, et dans Le Corbeau (1943), sont restées dans les mémoires.
Fils de Jean Henri Laudenbach (né en 1855), professeur de philosophie, et de Désirée Claire Dietz (1870-1960), Pierre Fresnay monte sur scène pour la première fois à quatorze ans. Grâce à son oncle maternel Claude Garry, ex-pensionnaire de la Comédie-Française et acteur en vogue de l’époque, il joue un petit rôle dans L’Aigrette, au Théâtre Réjane. C'est à cette occasion qu’il choisit son premier nom de scène, Pierre Vernet.
En 1914, il fait son entrée au Conservatoire national de musique et de déclamation, dans la classe de Paul Mounet et de Georges Berr. Un an plus tard, il est engagé à la Comédie-Française. Dès 1915, il décroche un premier grand rôle au théâtre dans Le Jeu de l’amour et du hasard. La même année, il débute au cinéma muet avec France d’abord, d’Henri Pouctal.
Pierre Fresnay passe ensuite au cinéma parlant et interprète un rôle majeur en 1931 dans Marius, premier volet de la trilogie marseillaise de Marcel Pagnol transposée à l’écran par Alexandre Korda. Il reprend ce rôle dans Fanny (1932) et César (1936).
En 1934, il joue Armand Duval au côté d’Yvonne Printemps, qui est sa compagne, dans La Dame aux camélias, de Fernand Rivers. Sa diction incisive lui confère des rôles d’hommes de commandement : officier dans La Grande Illusion de Jean Renoir (1937) et Alerte en Méditerranée de Joannon, en inspecteur dans deux adaptations des romans de Stanislas-André Steeman, Le Dernier des six (1941) et L'assassin habite au 21 (1942), en marquis dans Les Aristocrates (1955). Il interprète aussi des journalistes (La Bataille silencieuse de Pierre Billon, en 1934 et Le journal tombe à cinq heures, de Georges Lacombe, en 1942), un bagnard dans Chéri-Bibi, un homme d’église dans Dieu a besoin des hommes (1949) et Le Défroqué (1954) et dans Il est minuit, Docteur Schweitzer (1952) et même en saint Vincent de Paul dans Monsieur Vincent (1947). À la fin de sa carrière cinématographique, il passe au registre comique, dans Les Affreux (1959) et dans Les Vieux de la vieille (1960).
En 1939, il passe à la réalisation avec Le Duel, aux côtés d’Yvonne Printemps ; Le film ne sort qu'en 1941. Le couple Printemps-Fresnay apparaît à de nombreuses reprises à l’écran et triomphe dans l'adaptation de l'opérette d'Oscar Straus, Trois valses (L. Berger, Albert Willemetz, 1938).
Sous l'État français, il prend la direction de la première sous-commission du COIC, instance de décision financière et de censure du cinéma au sein du Comité d'organisation.
À la Libération, les films qu’il avait tournés sous l’Occupation pour le compte de la firme allemande Continental films, dirigée par Alfred Greven, et sa décoration de la Francisque lui valent un séjour de six semaines au Dépôt, jusqu’à ce qu’il soit blanchi pour absence de preuves.
George Adam écrit alors dans Les Lettres Françaises du 2 juin 1945 : « M. Pierre Fresnay n'étant pas sur la paille, puisqu'il a gagné pas mal d'argent sous l'occupation, pouvait vivre à la campagne ; il serait peut-être parvenu ainsi à faire oublier que cet argent a été gagné par une collaboration active avec la Continentale, société de films purement boche. »
En 1950, il adhère à l'Association des amis de Robert Brasillach.
Campant après-guerre des personnages sérieux, voire édifiants, dans des films de portée secondaire, il abandonne le cinéma au début des années 1960, pour se consacrer exclusivement au théâtre, qu’il n'a jamais vraiment abandonné. Sociétaire de la Comédie-Française qu’il avait quittée avec fracas en 1927, il s’illustre sur les planches notamment dans Un miracle, La Chienne aux yeux de femme, Cyrano de Bergerac, Marius, Bloomfield, Cette vieille canaille, Jean III, L'Hermine, L’Idée fixe, Visitation. À la télévision, il interprète notamment Tête d'horloge (1969) de Jean-Paul Sassy.
En 1954, il publie ses mémoires, Je suis comédien.
Pierre Fresnay se marie le 7 mai 1918 avec Rachel Berendt (Marie Monique Arkell), jeune condisciple au Conservatoire et comédienne de l’Odéon ; le couple divorce en 1920. Il se remarie le 20 avril 1929 avec Berthe Bovy, comédienne d’origine belge (née en 1887 à Liège) de dix ans son aînée ; le couple se sépare la même année, leur divorce n'aurait été finalisé qu'en 1932. Il devient ensuite le compagnon d’Yvonne Printemps, de 1932 à sa mort le 9 janvier 1975. Ils sont enterrés ensemble au cimetière ancien de Neuilly-sur-Seine.
En décembre 1974, Pierre Fresnay est victime d'une crise cardiaque qui le plonge dans le coma4. Il meurt des suites de problèmes respiratoires à l'âge de 77 ans, le 9 janvier 1975 à Neuilly-sur-Seine et est inhumé au cimetière municipal de la ville.
Dans son autobiographie (My Name Escapes Me), l'acteur britannique Alec Guinness rapporte que Fresnay était son acteur favori.
Pierre Fresnay était l'oncle de Roland Laudenbach (fondateur des éditions de La Table Ronde) et également celui de l'acteur Philippe Laudenbach.
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