François Lagarde

Voir les photos de François Lagarde sur bdfci.info
  • Date de naissance : 05 mars 1949
  • Décédé(e) le : 13 janvier 2017
  • Né en 1949 à Nîmes, ce fils et petit-fils de pasteur étudie à l’Institut d’art et d’archéologie de Paris où il rencontre Gérard-Georges Lemaire et Alain Pacadis. La photographie, qu’il pratique depuis l’âge de quatorze ans, le mène à fréquenter musiciens, écrivains, artistes dont il fait des portraits toujours nets. L’image, chez lui, ne renvoie pas à un ailleurs. Elle est sans arrière-monde, mais dévoile la présence de sujets que l’on sent très proches. À côté de cette passion pour le visible, François Lagarde développe une curiosité insatiable pour la philosophie et pour tout ce qui pense, quel que soit le médium de son expression. Là encore, c’est la photographie qui lui permet d’entrer en contact avec ceux dont il admire l’œuvre : Denis Roche, Roland Barthes, Jacques Derrida, Philippe Sollers, Julia Kristeva… La rétrospective que lui a consacré la Maison européenne de la photographie à Paris en 2014 montre l’étendue de ses amitiés. Respectueux et jamais intrusif, il approche au plus près des conditions de création des œuvres, comme un témoin amical. En 1975, il organise avec Gérard-Georges Lemaire le Colloque de Tanger, à Genève, autour de Brion Gysin et William S. Burroughs. Graphisme, typographie, communication, rien ne fait peur à celui qui fut aussi un homme pragmatique, refusant la hiérarchie culturelle entre les arts nobles et les pratiques secondaires. C’est que la technique lui importe, et qu’il l’aime. Dans sa maison d’édition Gris Banal, il fera paraître The Beat Hotel, avec des photographies d’Harold Chapman, ainsi que LSD mon enfant terrible d’Albert Hoffman. Dans cette vie, la rencontre de l’autre est toujours centrale, et la vérité se nomme expérimentation. Il s’agit d’exister « en connaissance de cause ».
    Il enseigne la photographie et la vidéo aux beaux-arts de Nîmes, de Marseille puis d’Avignon, en développant une approche érudite et historique de l’image. Précurseur, il développe très tôt un intérêt pour les technologies du numérique. Avec Christine Baudillon, il développe à partir de 1999 ce qui deviendra sa passion centrale : les documentaires dʼauteur consacrés à des philosophes ou à des musiciens. La maison de production Hors oeil éditions, quʼils fondent ensemble, en compagnie du concepteur multimédia Lionel Broye, leur permet de réaliser deux portraits de Philippe Lacoue-Labarthe − dont lʼun dialoguant avec Jean-Christophe Bailly − puis un autre tout aussi conséquent consacré à Roger Laporte. En 2012 sort Simondon du désert (auquel ce fut un grand bonheur de participer). Il a presque pu achever son dernier film, Le rouge et le gris, Ernst Jünger dans la Grande Guerre, consacré au livre de Jünger, Orages d’acier (1920), entièrement composé de photographies allemandes de la Grande Guerre, qu’il collectionna pendant plus de 15 ans ; Christine Baudillon a pris son relais pour le terminer. Il préparait aussi un film sur Alexandre Kojève. Ensemble, ils ont consacré des documentaires magnifiques à quelques grandes figures de la musique improvisée comme Siegfried Kessler, Joëlle Léandre, Daunik Lazro et Raymond Boni. Ce furent des créations sans concessions aux canons télévisuels et avec très peu de soutiens financiers. « Seuls les « irréguliers » et les inclassables nous touchent au plus profond, car bien souvent ils sont sans concessions », disaient les deux réalisateurs.