Davy Rothbart a réalisé plusieurs documentaires, mais aucun ne ressemble à 17 Blocks. En 1999, il rencontre dans son quartier de Washington les frères Sandford, et devient ami avec la famille. Il prête de temps en temps sa caméra au petit frère Emmanuel, 9 ans, qui aimerait réaliser des films. Rothbart ne se doutait pas qu’au fil des années, les images filmées par la famille Sandford allaient offrir un récit à la hauteur du pays, une histoire tragique et violente. À peine majeur, Emmanuel, garçon solaire, aimé de tous et brillant, est assassiné dans sa maison. Victime de gangs liés à la drogue dans les faits, et victime d’être noir si l’on replace ce crime dans un contexte plus général. C’est ce que le film ne fera jamais, restant dans la matière de ces images filmées par Emmanuel puis par sa famille, dans l’intimité de leurs regards et de leurs paroles, qui passent de l’incompréhension à la colère, puis à la reconstruction. Ce qui est bouleversant dans 17 Blocks, c’est de suivre ces personnes sur la durée, à la manière d’un Boyhood, de voir dans les traits du petit neveu ceux de son oncle Emmanuel qu’il n’a jamais connu. C’est aussi de découvrir la mère d’Emmanuel, un personnage tragique et fascinant, tour à tour mère célibataire combattante, épave à cause de la drogue et du désespoir, puis en pleine reconstruction. Sa voix, son regard, ne sont pas prêts de vous abandonner.