L'humour est omniprésent chez les frères Coen. Dans la plupart de leurs films, il est noir, il est pour de bon la politesse du désespoir. Mais une fois de temps en temps, les Coen s'offrent des échappées de franche rigolade, de comédie déconnante, et leur plus grande réussite dans le genre, c'est sans doute The Big Lebowski, épopée hilarante et foutraque, marquée du sceau psychédélique et libertaire des années soixante-dix, éloge jubilatoire du dilettantisme et de l'anticonformisme, hymne picaresque au bowling, à l'amitié tchatcheuse et à l'usage plus ou moins raisonnable d'herbes prohibées… Pour tous les cas de petit coup de déprime, notre ordonnance est simple : une bonne petite vision de The Big Lebowski dès les premiers symptômes, et les sourires hilares refleuriront sur les visages chiffonnés comme colchiques dans les prés à la fin de l'été (poésie, quand tu nous tiens !)… La comédie, dans The Big Lebowski, est enrobée dans une intrigue de film noir, avec confusion d'identité, extorsion, traîtrise, détournement de fonds, femme fatale et gros bras. Une façon comme une autre de nous embobiner, de nous plonger dans les situations les plus incongrues… Mais il est plus que temps de vous présenter Jeff Lebowski, connu de tous sous le surnom (qu'il s'est lui-même donné) de « The Dude ». Comme qui dirait « Le Tocard », ou bien « Le Glandeur ». Surnom qu'il s'efforce de mériter du mieux qu'il peut, en respectant un nombre considérable de principes intangibles (c'est sans doute l'homme qui a le plus de principes dans tout Los Angeles) qu'il serait trop long de lister ici, mais qui peuvent se résumer en un seul : profiter de toutes les occasions pour en faire le moins possible. Jeff Lebowski apprécie particulièrement un bon verre bien tassé, et la compagnie de son vieux pote Walter, aussi volcanique que Lebowski est cool, sans doute des restes de son passé de baroudeur. The Dude consacre ses loisirs, c'est à dire tout son temps, à ses deux passions : le bowling et la fumette qui fait planer… Comme dirait l'autre, times are changing tout autour mais The Dude reste le même, imperturbable… Jusqu'au jour où deux malfrats s'introduisent dans sa petite maison, le passent à tabac et, infamie suprême, pissent copieusement sur son beau tapis quasi-persan… Tout ça pour lui foutre la trouille, de la part d'un certain Jackie Treehorn, qui voudrait bien récupérer un gros paquet de dollars que lui doit la femme de Jeff Lebowski… Et c'est là que se révèle l'embrouille dans toute sa splendeur : le Dude, il n'a même jamais eu l'idée de se marier ! Erreur complète sur la personne… Le Lebowski endetté en est un autre, un millionnaire de Pasadena… Alors là, le Dude, il n'est pas content du tout. Passe encore pour la raclée, mais il va falloir le dédommager pour son tapis compissé. Et le voilà parti à la recherche de son homonyme friqué pour lui réclamer son dû… Malgré l'aide énergique de Walter, il va en voir des vertes et des pas mûres…