CANNES 2018: COMPÉTITION
LE POIDS ÉCRASANT DES TRADITIONS
Assistant d’Abbas Kiarostami sur Au travers des oliviers (1994), Jafar Panahi se fait remarquer dès son premier long métrage, Le ballon blanc (1995), Caméra d’or à Cannes. Suivent Le miroir (1997), Léopard d’or à Locarno, Le cercle (2000), Lion d’or à Venise, Sang et or (2003), prix Un certain regard sur un scénario de Kiarostami, Hors jeu (2006), grand prix du jury à Berlin, l’essai d’auto-fiction Ceci n’est pas un film (2011), tourné avec Mojtaba Mirtahmasb alors que Panahi vivait en résidence surveillée et montré en séance spéciale à Cannes, Pardé (2013), Ours d’argent du meilleur scénario à Berlin, et Taxi Téhéran (2015), Ours d’or plébiscité par un nombre record de 600 000 entrées en France. Entre documentaire et fiction, Trois visages, distribué dès le 6 juin par Memento, relate l’enquête menée par Jafar Panahi et une amie actrice dans un village régi par des coutumes ancestrales.
Une célèbre actrice iranienne reçoit la troublante vidéo d’une jeune fille implorant son aide pour échapper à sa famille conservatrice… Elle demande alors à son ami, le réalisateur Jafar Panahi, de l’aider à comprendre s’il s’agit d’une manipulation. Ensemble, ils prennent la route en direction du village de la jeune fille dans les montagnes reculées du Nord-Ouest où les traditions ancestrales continuent de régir la vie locale.
Trois ans après le succès de Taxi Téhéran (disponible en Vidéo en Poche), Jafar Panahi, toujours sous le coup d’une interdiction de tournage par les autorités iraniennes, nous revient en grande forme avec ce que Thierry Frémaux, Délégué général du Festival de Cannes, a appelé un « road-feel-good-movie » en annonçant sa sélection en compétition, une première pour le cinéaste. Cette fois, il s’embarque en voiture avec une comédienne célèbre, et part au fin fond du pays à l’appel d’une jeune fille en détresse. Au menu : choc des cultures entre urbains et villageois, modernité et traditions d’un autre âge, et surtout la question délicate de l’accès des femmes à la culture et à l’éducation. Plein d’humour et de cocasserie, le film s’achève en prime par un hommage émouvant au cinéaste iranien disparu Abbas Kiarostami.