Le problème avec les histoires vraies, c'est qu'on en connaît la fin. Il revient donc aux acteurs, au réalisateur et au scénariste de nous intéresser suffisamment à l'intrigue pour qu'on ne s'ennuie pas. L'équipe de Lion réussit parfaitement à nous captiver et à nous émouvoir pendant 118 minutes.
Saroo Brierley (joué, enfant, par l'excellent et attachant Sunny Pawar, puis, jeune adulte, par un Dev Patel en pleine forme) vit dans un village en Inde avec sa mère (Priyanka Bose), Guddu, son frère aîné (Abhishek Bharate) qui veille sur lui, et sa petite sœur, encore bébé. La vie est dure, mais le garçon de cinq ans est heureux... jusqu'à ce que produise l'innommable. Saroo se perd lors d'un voyage en train avec son frère et se retrouve à Calcutta, à des milliers de kilomètres de chez lui.
Filmé avec beaucoup de pudeur par le réalisateur Garth Davis, le scénario de Luke Davies qui a adapté l'autobiographie de Saroo Brierley Lion ne cache rien des malheurs de l'enfant - faim, mendicité, orphelinat -, sans jamais s'appesantir dessus plus qu'il n'est nécessaire. On devine donc que l'enfant a eu la chance d'échapper au pire, car il est rapidement pris en charge par les autorités indiennes qui, après l'avoir déclaré «enfant perdu», le mettent en adoption. Sue (Nicole Kidman, parfaite en retenue) et John (David Wenham) Brierley, un couple d'Australiens, se manifestent et décident d'accueillir le petit.
Deux décennies plus tard, Saroo (Dev Patel) a grandi et part pour Melbourne afin d'étudier l'hôtellerie. C'est là que, non seulement il rencontre Lucy (Rooney Mara) qui devient sa compagne, mais aussi qu'il entre en contact avec d'autres Indiens, cela faisant ressurgir des souvenirs qu'il croyait ne plus posséder. Saroo se met alors, en utilisant Google Earth, à chercher son village natal dans l'espoir de retrouver sa famille biologique.
Impressionnant examen des relations entre les parents adoptifs et leurs enfants, analyse des sentiments qui animent les enfants adoptés, Lion est une formidable histoire d'amour. Plutôt que de se concentrer sur les épreuves et les duretés de la vie de Saroo, Garth Davis choisit non pas de les occulter, mais de mettre l'accent sur ce qui permettra à notre jeune héros de passer au travers.