On aimerait tous avoir un Hercule Poirot dans sa vie. Intelligent, cultivé, raffiné, drôle et rempli d'esprit, c'est le nec plus ultra des personnages justes et bons, capable de résoudre tous les crimes pour faire régner la justice des hommes. Sous la direction de Kenneth Branagh, ce remake de Murder on the Orient Express, 43 ans après l'adaptation magistrale de Sydney Lumet, est un film grandiose, qui aborde plus les zones d'ombre de l'âme humaine que l'art du suspense.Après une scène d'ouverture carrément ratée (qui se déroule au pied du mur des Lamentations à Jérusalem), le film est mis sur les rails alors que Poirot et les autres passagers montent à bord de l'Orient-Express. On a alors droit à des images splendides, des palettes de couleurs magnifiques, soutenues par une direction artistique d'une grande beauté. La beauté du film, c'est également de renouer avec tous ces personnages excentriques du roman publié en 1934. Vieille princesse russe et comte hongrois, gouvernante allemande et ingénieur français, homme d'affaires italo-américain, diplomate et valet anglais. Agatha Christie dépeint un microcosme d'un monde déchu, démodé, suspendu à sa gloire passée et son bonheur fané: la vieille Europe meurtrie par la Grande Guerre. Ces personnages sont des rôles en or pour une distribution de rêve, dont la merveilleuse Michelle Pfeiffer, dans la peau de Caroline Hubbard, la veuve extravagante et séduisante, Kenneth Branagh (qui joue un Poirot sensible et élégant), Willem Dafoe, Penélope Cruz, tous solides quoique leur jeu soit moins épatant que celui de la version de 1974, avec les Albert Finney, Laureen Bacall, Ingrid Bergman, Sean Connery... Revu et modernisé par le réalisateur Kenneth Branagh, le détective belge aux apparences frivoles se transforme en héros shakespearien vers la fin. Il fait du meurtre d'un truand un cas de conscience, d'éthique. Jusqu'où l'âme humaine peut-elle supporter la souffrance, le deuil, l'injustice?
La «reine du crime» était aussi une experte de l'âme humaine.