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Alors que l'on a entendu parler de Nelson Mandela durant des semaines entières à cause de son décès, il faut croire que l'homme est toujours parmi nous et qu'il souhaite qu'on parle toujours de lui. Nelson Mandela est pour beaucoup un défenseur de la paix et le libérateur de tout un peuple ce qui est vrai, mais il n'était pas que ça. C'est le réalisateur Justin Chadwick qui a eu la lourde tâche que de mettre en scène le biopic dédié à la vie extrêmement riche et passionnante de cet homme connu de tous et dans le monde entier. Plus qu'une lourde tâche, ce serait même un devoir et un fardeau que de devoir faire un bon film pour rendre hommage à cet homme, mais est-ce que le film est un bel hommage ? Partant sur le principe qu'il est possible de conter aux spectateurs toute la vie de Nelson Mandela en moins de 2h19, il est impossible que le film Mandela : Un Long Chemin vers la Liberté soit bon. Ayant eu une vie riche et passionnante, il faudrait près de 4 heures pour conter sa vie et nous expliquer en bel et due forme chaque moment de sa vie. Débutant sa vie dans une tribu d'Afrique du Sud avant de devenir un leadership, Nelson Mandela est passé par différentes phases aux yeux du monde.
D'abord inconnu avant d'être proclamé leader de la paix, il a entre temps été considéré comme un véritable terroriste. Créé en 1912, l'ANC a connut des heures d'extrêmes violences lorsque Nelson Mandela et ces confrères ont mis en place la ligue de la jeunesse. Remarquant que l'ANC n'apportait rien au monde et que les haines raciales étaient toujours plus présentes, ils ont décidé de se faire entendre avec violence en mettant en place des manifestations toujours plus radicales et violentes. Ce n'est pas pour rien que Mandela est devenu violent envers sa première femme et ce serait entraîné au maniement des armes durant un certain temps. Étant passé par différentes phases psychologiquement comme physiquement, Nelson Mandela est un homme passionnant à découvrir et c'est pour cette raison que ce biopic aurait dû être découpé en deux parties bien distinctes afin d'appuyer sur les éléments les plus importants. Alors que ses premières années sont seulement survolées, tout comme on coté violent et infidèle, le scénariste a décidé d'appuyer les moments déjà connus des spectateurs, à savoir sa prise de conscience vis-à-vis de ses agissements toujours plus violents et radicaux. Le spectateur va au cinéma pour apprendre et pour découvrir des choses qu'il n'aurait pas su sur Nelson Mandela et de ce point de vu la le film est raté. À cause d'une structure trop formatée et d'un scénario qui ne développe pas les points essentiels et intrigants de la vie de Nelson Mandela, on a plus l'impression d'être face à une grande bande-annonce édulcoré que face à un véritable biopic.
Malgré ce point de négligence qui serait presque inacceptable pour un tel biopic, il en reste un film intriguant et prenant grâce à son personnage principal, sa réalisation et son acteur principal. Jeune réalisateur, Justin Chadwick réussi à nous offrir un beau spectacle. Visuellement très propre grâce à une colorimétrie chatoyante qui n'a qu'un but, mettre en valeur le personnage principal, c'est un régal de regarder ce film. Une belle réalisation accouplée d'une belle photographie donne forcément un film agréable et il l'est encore plus lorsque le montage est fluide et dynamique. Ce n'est pas complètement le cas puisqu'on retrouve encore et toujours des coupures très sèches et des saccades lors des transitions entre les différentes scènes. Ce problème de montage amplifie la frustration du spectateur qui aimerait avoir un film plus complet, plus fluide et sans une succession d’éclipses temporelles qui nous font perdre la tête. Mandela : Un Long Chemin vers la Liberté possède un grand nombre de défauts, mais s'il y a bien une chose que l'on doit souligner, c'est l'excellente prestation de Idris Elba. Acteur talentueux au charisme saisissant, il est éblouissant dans le rôle de Nelson Mandela. Il porte le film sur ses larges épaules et nous prouve encore une fois qu'il est un acteur sur lequel on doit compter.
« J’ai toujours su qu’au plus profond du cœur de l’homme résidaient la miséricorde et la générosité. Personne ne naît en haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, ou de son passé, ou de sa religion. Les gens doivent apprendre à haïr, et s’ils peuvent apprendre à haïr, on peut leur enseigner aussi à aimer, car l’amour naît plus naturellement dans le cœur de l’homme que son contraire. »
C’est par cette citation d’une résonnance toute particulière que s’achève le magnifique film MANDELA: UN LONG CHEMIN VERS LA LIBERTÉ.
Mandela, on en entend trop parler, diront certains, mais on n’entend jamais trop parler d’intelligence, alors que tous les jours des gens plus médiocres les uns que les autres hantent nos plateaux télé et nos journaux pour ne rien dire, sinon abrutir la masse avec ce qu’ils croient être leurs réflexions et leur humour pour leur petite carrière de politicard nauséabonde.
Mandela, C’est bien plus qu’un homme : un symbole vivant, magnifiquement vivant. Il est l’un des dernier monstres politiques du XXe siècle, celui qui a vu les combats de Gandhi, de Martin Luther King ou de Aung San Suu Kyi : des combats universels portés à hauteur d’humains et guidés par un idéal de non-violence et d’équité. Nelson Mandela est bien plus qu’un homme : un mythe, l’incarnation suprême d’une utopie, belle, pure et naïve, celle de croire que la force des convictions, le courage et l’obstination de quelques-uns peuvent changer le monde pour le plus grand nombre. Comment un film pouvait-il s’attaquer à un tel monument ? Comment rendre toute la grandeur du combat de cet homme dont la vie est déjà en soi une véritable épopée romanesque ? Deux heures trente allaient-elles suffire pour retracer le long chemin vers la liberté, des premières années de luttes aux vingt-sept années de prison, de la famille royale Thembu de l’ethnie Xhosa aux premières élections démocratiques de l’Afrique du Sud ?
Le résultat est à la hauteur des ambitions : une épopée politique aussi passionnante qu’émouvante, qui retrace l’incroyable destinée d’un homme hors du commun, à la fois leader charismatique, orateur hors pair, grand séducteur et immense tacticien. Un film comparable au Gandhi de Richard Attenborough à la fois pour sa réussite cinématographique – intelligence du scénario, mise en scène habile – et pour sa portée pédagogique (en cela, Mandela s’adresse résolument aux jeunes). Le récit n’est jamais angélique et n’occulte pas les zones d’ombres du personnage : la lutte violente des débuts, et surtout les divergences radicales qui l’opposèrent à Winnie. Winnie Mandela qui est véritablement le second premier rôle de ce film : des premières années de leur mariage à la libération de son époux, nous assistons à la naissance d’une figure emblématique de la lutte anti-apartheid. Une personnalité complexe et trouble qui, nourrie par des années d’humiliations, n’hésita pas à radicaliser son discours, prônant l’action violente envers les blancs et les « traîtres noirs ».
Il faut saluer ici le parti pris du réalisateur de n’avoir pas effacé de son récit cette page sombre dans la biographie de Mandela, révélateur d’une vraie liberté qu’une production hollywoodienne aurait sans doute entravée. Reconnaissons enfin le talent fulgurant du comédien Idris Elba, qui incarne Mandela de 23 à 76 ans sans jouer le sosie ni l’imitation, mais en habitant le personnage dans sa grandeur, son charisme et son incroyable mental d’acier.
Le film retrace la vie de « Madiba » : premier citoyen de couleur à ouvrir un cabinet d’avocat à Johannesburg, jeune leader de l’ANC adepte de la non-violence puis partisan de l’action armée suite aux massacres dans les townships. Puis les interminables années de prison à Rhoden Island, les humiliations quotidiennes, le lien puissant avec ses compagnons de lutte (dont Walter Sissulu, fidèle parmi les fidèles) et enfin la phase de négociations avec le pouvoir blanc du président De Klerk pour une « sortie de crise » qui restera dans l’histoire. Le récit s’achève là où d’autres difficultés se profilent : les premières élections libres du pays, « one man, one vote », et la douloureuse réconciliation.