Utopia
Le 18-10-2013
Utopia, le 18-10-2013
« Ceci est l'histoire d'un homme marqué par un souvenir d'enfance ». Enfant, le héros se rend souvent avec ses parents à l'aéroport d'Orly. Un jour, il assiste à un événement dramatique qui va le marquer, mais qu'il ne comprendra que plus tard. Un homme meurt sous les yeux d'une femme dont il gardera en mémoire les traits. Puis la Troisième Guerre mondiale survient qui détruit toute la surface de la Terre.
La crise des missiles de Cuba est le point historique culminant de cette période. Moins de vingt ans après Hiroshima et Nagasaki, la Guerre Froide a atteint son paroxysme. Une guerre nucléaire mondiale est de l’ordre du possible. A cette époque, en France, on croit cependant encore beaucoup au progrès. La Jetée, c’est celle de l’aéroport d’Orly, dont la construction vient de s’achever. Les familles parisiennes viennent y passer le dimanche pour observer les mouvements des avions. En 1963, année de sortie du film, l’aéroport d’Orly est le monument le plus visité de France, devant la Tour Eiffel.
C’est dans ce cadre moderne et insouciant que Chris Marker choisit de placer les premiers photogrammes de son film, qu’il a baptisé photo-roman, utilisant uniquement des photogrammes, à l’exception d’un seul plan filmé. La Jetée apparaît aujourd'hui dans l'histoire du cinéma comme un météore. Un film qui échappe à toute classification, son origine se trouve peut-être dans un étrange objet de la préhistoire cinématographique, le « Pathéorama » dont se souvient l'enfant Christ Marker. Réminiscence, « remake » de Vertigo, La Jetée inspirera à Terry Gilliam trente ans plus tard L'armée des douze singes, faisant de l'histoire même du film de Chris Marker et de ses influences comme un hors champ troublant, indissociable de ce récit poétique d'anticipation sur la mémoire.