The Souvenir - Part II TP

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Sortant d’une relation éprouvante avec un homme séduisant et manipulateur, Julie tente de démêler l’écheveau de ses sentiments à travers son film de fin d’études, cherchant à faire la lumière sur l’existence fictive que cet homme s’était inventée. Chatoyante chronique d’un premier amour et récit d’apprentissage, The Souvenir Part II dresse un portrait d’artiste qui sublime les fragments du quotidien, où réminiscence et fantasme se mêlent au point de fusionner.

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Créer sa propre réalité

Reprenant la trame du récit dans la parfaite continuité du premier The Souvenir, ce second volet a été tourné dans le nord du Norfolk, dans un hangar à avions représentant un studio de tournage, durant l’été 2019. "J’avais initialement prévu de tourner les deux parties dos à dos, raconte Joanna Hogg. Je craignais, si elles étaient séparées, que quelqu’un ne m’empêche de faire la deuxième partie. C’était une période difficile lorsque la première partie est sortie – je ne voulais pas voir l’histoire de l’extérieur. J’ai évité les critiques et j’ai fermé les yeux et les oreilles à tout commentaire, pour éviter d’influencer le parcours du deuxième volet. " Terminé en septembre 2020, The Souvenir - Part II suit le personnage de Julie alors qu’elle doit préparer son film de fin d’études, qui va se transformer peu à peu en un mémorial dressé à celui qu’elle tant aimé. L’occasion pour la cinéaste de retrouver les envies de cinéma de la réalisatrice en herbe qu’elle était alors à l’époque. "Mes obsessions cinématographiques étaient différentes dans ma vingtaine de celles que j’ai maintenant. Mais la réalisation des parties I et II a ravivé mon désir de créer ma propre réalité en studio et d’exprimer mes idées dans un espace plus liminal et onirique." L’occasion aussi, pour Joanna Hogg, de traiter de nouveau l’un de ses thèmes fétiches, la façon dont une expérience de vie peut se fondre dans la créativité. Le film a été produit par JWH Films, BBC Films, Element Pictures et Protagonist Pictures en association avec Sikelia Productions, la société de Martin Scorsese, qui les avait déjà accompagnés sur le premier opus.

 

 

The Souvenir II : Si la première partie est celle du souvenir de la passion amoureuse, la deuxième est un prélude à la naissance de Julie comme artiste. Elle change de sujet pour son film de fin d’études. Elle voulait filmer les travailleurs des chantiers navals du Nord Est de l’Angleterre, mais finalement elle va ouvrir la boite à outils du cinéma pour se mettre à enquêter sur cette relation amoureuse qu’elle a vécue.
Le film devient un bateau ivre sur une mer de souvenirs, et derrière Julie, Joanna Hogg en est bien son capitaine. Le cap est tenu avec une foi totale dans le langage du cinéma. Cadrages d’une précision inouïe, lumières stylisées, mise en scène au cordeau, montage fluide malgré la mise en abîme permanente qui est au cœur du projet.
Pour traduire la force créative et celle des sentiments qui nous débordent, tous les registres sont empruntés, de la science-fiction à la comédie musicale ; tous les formats sont employés, 8 mm, 16 mm, 35 mm, argentique, numérique, noir et blanc, couleur… Une féérie de paysages mentaux s’enchaine, les visions de Julie explosent le cadre de son film.
Michael Powel & Emeric Pressburger, Jacques Rivette, Orson Welles, Jean Cocteau… ces maîtres de l’envers du décor, des portes dérobées, sont conviés. Une sensibilité qui se retrouve dans les choix musicaux d’une bande son très urbaine. Le rock indé et post punk est à son apogée dans ces années 80 : The Psychedelic Furs, The Fall, Robert Wyatt, Mark Hollis brossent le portrait d’une jeunesse iconoclaste très étudiée, sur fond de révoltes plus ou moins armées.
La réalité et la fiction se nourrissent l’une de l’autre. Qu’est ce qu’un souvenir ? Quelle est la véracité d’un souvenir ? Entre autobiographie et biofiction, Joanna Hogg brouille les pistes. Tilda Swinton, qui était l’actrice de son film de fin d’études, joue ici la mère de Julie, double de fiction de Joanna, elle-même interprétée par la propre fille de Tilda, Honor Swinton Byrne… Un vertige de plus dans ce puzzle des espaces et des temps…
The Souvenir I & II est un vaisseau armé par la réalisatrice pour remonter le temps et assembler les événements du puzzle de sa mémoire, qui deviendra son chef d’œuvre comme disent les compagnons. Une magnifique déclaration d’amour au cinéma et à sa magie, intacte.