Le retour du fils prodigue
Depuis près de 10 ans, Jason Bourne (Matt Damon) n'a pas donné signe de vie. Il assure son existence en participant à des combats de boxe jusqu'au jour où Nicky Parsons (Julia Stiles) reprend contact avec lui. C'est qu'elle a mis la main sur les archives de dossiers ultras sensibles de la CIA, dossiers dans lesquels elle a découvert un élément sur le passé de l'agent amnésique.
Du côté de l'agence américaine, Heather Lee (Alicia Vikander), une analyste, repère Parsons - et donc Bourne - et obtient de Robert Dewey (Tommy Lee Jones qui dépare un peu dans ce long métrage), le directeur actuel, la charge de la traque. La CIA a également demandé à l'un de ses agents anonymes - incarné par Vincent Cassel - qui a un contentieux avec Bourne, de l'assassiner. En parallèle, Christian Dassault (Vinzenz Kiefer), sorte de mélange de Julian Assange et Mark Zuckerbeg, patron d'un réseau social appelé Deep Dream se fait prendre en tenaille par la CIA.
Le contexte de ce tout nouveau Bourne est d'autant plus moderne que les enjeux informatiques sont élevés. Entre la possibilité pour le gouvernement américain de couper l'électricité dans la ville de Reykjavik, de trouver n'importe qui n'importe où grâce aux logiciels de reconnaissance faciale jumelés aux caméras de surveillance, on sent l'empreinte des révélations d'Edward Snowden.
De plus, très subtilement, Jason Bourne semble également laisser entendre que les États-Unis sont dans la ligne de mire d'une puissante organisation et qu'une gigantesque conspiration - dont on ne connaît pas tous les tenants et aboutissements - se trame dans l'ombre. On nage donc en pleine paranoïa informatique.
Côté action, il faut avouer que la première scène de traque de Bourne - Parsons lui a donné rendez-vous dans une manifestation en Grèce - est impeccable. Entre les gigantesques écrans de surveillance de la CIA, les charges des policiers grecs sur les manifestants et la manière dont les deux agents échappent à leurs poursuivants, on sent Paul Greengrass, Matt Damon et Julia Stiles heureux d'être revenus et ravis de montrer leurs talents. Le personnage de tueur - jamais nommé - de Vincent Cassel apporte une dimension plus «brute», plus violente (l'homme est un tireur d'élite redoutable) bien appréciable.
Le film souffre de quelques longueurs: la dernière partie du film à Las Vegas, notamment, s'éternise pour rien et la fin - qui laisse augurer une suite - arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Mais le plaisir de revoir Matt Damon en Jason Bourne est trop grand (avec, de surcroît, un remix d'Extreme Ways de Moby sur le générique de fin) pour qu'on tienne rigueur à la production de ces manquements.